/ 250
37. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IX. Sentiments de Tertullien. » pp. 180-200

La mollesse, la dissolution, la licence des gestes, des mouvements du corps, les vers, la musique, les instruments, dont on fait honneur à Apollon, aux Muses, à Minerve, sont le culte religieux qu'on rend aux Divinités de la débauche. […] Les Acteurs, les Pantomimes qui s'y sont exercés dès l'enfance, sont peut-être par leurs gestes, leurs attitudes, leur changement de sexe, plus licencieux sur le théâtre que chez eux. […] Ils ne souffriraient pas qu'une parole libre souillât les oreilles de leurs filles, et ils les mènent au théâtre, où les gestes et les discours sont licencieux ; ils tâchent d'apaiser les querelles dans les rues, et dans le stade ils applaudissent aux coups les plus violents ; ils ne voient qu'avec horreur le cadavre d'un homme mort d'une mort naturelle, et ils voient dans l'amphithéâtre des membres rongés, déchirés, nageant dans le sang. […] Les Acteurs tragiques pousseront alors des cris plus perçants que sur le théâtre, les Comédiens seront comme dissous par la force du feu plus que par la dissolution de leurs mœurs et de leurs gestes.

38. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE V.  » pp. 415-435

Je n’en ai que contre ceux dont je viens de parler, lesquels par leurs sales paroles, actions et gestes impudiques, empoisonnent les âmes : ce qui fait qu’on les doit fuir, et qu’on ne les peut entendre sans crime. […] Le même Tertullien que je viens de citer, parlant de la scène et de l’échafaud des Farceurs, l’appelle « la sacristie de Vénus, le consistoire de l’impudicité, l’arsenal de toute vilenie, qui prend sa grâce et sa gaité, de l’ordure et de la saleté », parce que la voix des Bateleurs, leurs gestes et leurs habits de parade, allument des étincelles de lubricité dans le cœur de ceux qui les écoutent et qui les regardent.

39. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [I] » p. 418

Il s’agit maintenant, sur notre Théâtre Français particulièrement, d’exciter à la vertu, d’inspirer l’horreur du vice, & d’exposer les ridicules : ceux qui l’occupent, sont les organes des premiers génies, & des hommes les plus célèbres de la Nation ; Corneille, Racine, Molière, Renard, monsieur de Voltaire, &c. leur fonction exige pour y exceller, de la figure, de la dignité, de la voix, de la mémoire, du geste, de la sensibilité, de l’intelligence, de la connaissance des mœurs & des caractères, en un mot, un grand nombre de qualités, que la nature réunit si rarement, dans une même personne, qu’on compte plus de grands Auteurs que de grands Comédiens.

/ 250