Oui, cet esprit doux, patient, humble, chaste, charitable, miséricordieux, qui fait le caractère et l’excellence des mœurs du Christianisme, a plus de convenance avec le génie et le cœur des femmes, à qui la douceur et la patience, la soumission et la pudeur, la compassion et la charité, sont des vertus presque naturelles : Au lieu que nous autres, si nous les voulons acquérir, nous sommes obligés de travailler beaucoup sur notre cœur ; qui est naturellement violent et impatient, fier et sensuel, dur et impitoyable. […] Agathon, soit donc que nous considérions la convenance des saintes mœurs du Christianisme, avec les dispositions naturelles du génie des femmes ; soit qu’on pense que les autres Religions les ayant tenues, et les tenant encore dans une sorte d’esclavage bien dur, Jésus-Christ leur donne une douce et glorieuse liberté : Qui pourra douter que son Évangile ne soit pour elles encore plus que pour nous, la loi de grâce ? […] Le second moyen que je propose, est une pieuse association de toutes les femmes et filles d’une vie chrétienne, mais exempte des affectations qui blessent les bienséances raisonnables du monde : Association toute semblable à celle dont parle un célèbre Espagnol, Louis Vivèsg, homme d’un fort beau génie.
On aurait à citer, de nos jours, Roméo-Ducisb, Chénier-Fénélonc, Abel-Legouvéd, Arnaud-Marius e, Mercier-Agamemnonf : mais puisque Voltaire est placé si loin de Racine et de Corneille par nos impitoyables Aristarques, il devient impossible de citer personne après ce grand génie. L’art de la comédie a bien aussi quelques soutiens vivants, dont nous serions en droit de nous féliciter ; mais le génie malfaisant est là, déguisé en crapaud, et qui s’enflammerait comme celui de Milton, s’il nous entendait parler d’Andrieux sans Colin, de Colin aidé d’Andrieux, de Picard tout seul.… oui, de Picard même. […] Demandez-lui ce que l’on respirait d’enthousiasme au café Procope, en prenant du café pour six blancs ; et de quel œil le Génie qui fréquentait ce temple des Oracles, envisageait ces jeunes hommes, adorateurs assidus de Corneille et de Racine.
Combien d’hommes de génie se sont toujours fait une gloire de voir leurs ouvrages goûtés par les ignorans ? […] Les hommes de génie qui font le plus d’honneur à la France, sont aussi de zélés partisans du Théâtre Italien. […] Serait-il moins facile à saisir que le sublime du Tragique, ou le vrai génie ne saurait-il s’abaisser jusqu’à lui ? […] Si la plus-part de nos Auteurs n’ont plus ni force ni génie, à quoi faut-il en attribuer la cause, si ce n’est au Spectacle moderne ?