/ 523
60. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Charles ne tarda pas à parodier les comédies d’Auguste par une comédie fort différente : il lui fit signer son abdication du trône de Pologne, en faveur du Roi Stanislas, & l’obligea de lui écrire de sa propre main une lettre de félicitation : ce qui est le comble de l’humiliation. […] Effectivement elle le rencontra dans un sentier fort étroit : le Roi la salua, sans lui dire un seul mot, tourna la bride de son cheval, & s’en retourna dans l’instant ; desorte, dit Voltaire, que la Comtesse ne remporta de son voyage que la satisfaction de pouvoir croire que le Roi de Suede ne redoutoit qu’elle : C’est la conduite que la Religion fait tenir à ceux qui veulent conserver la purete, bien differente de celle que fait tenir le Théatre à ses amateurs. En effet, dans le fort & le plus grand danger de la guerre, le Czar & Auguste, pour prendre de concert leurs mesures, convinrent d’une entrevue sur la frontiere de la Pologne ; &, aulieu de s’occuper de leurs affaires, ils passent quinze jours ensemble dans les plaisirs, se livrant à tous les excès de la débauche. […] Il vit alors à Leipsick de fameux Philosophe Leibnitz, homme d’un génie & d’un savoir étonnant, mais malheureusement sans religion, qui pensoit & parloit fort librement, & avoit inspiré ses sentimens à plusieurs Princes d’Allemagne Ce qui n’est que trop vrai pour la Cour & l’Académie de Berlin, dont il fut le Président & le Fondateur, & où ils regnent encore. […] Leibnitz n’influa point sur les sentimens du Roi de Suede : ce guerrier le vit à peine un instant à Leipsick, & ne s’embarrassa gueres de toute sa science ; il étoit trop occupé de la guerre de Pologne & de Saxe, pour s’amuser à des discussions philosophiques fort peu de son goût, & où il n’eût rien entendu.

61. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

Ce n’est point avec les Lucile et les Marinette que se forme la femme forte qui prend la quenouille et le fuseau, file le lin et la laine. […] Je m’étonne cependant que le théâtre favorise si fort le peuple de tous les états. […] l’ordre et la décence sont de fort minces objets. […] L’origine du Majuma est fort obscure. […] Tout cela est fort différent de la comédie régulière, qui était plus ancienne, et qui lui a survécu.

62. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre I. Convient-il que les Magistrats aillent à la Comédie ? » pp. 8-25

Un jour que Caton y parut, on vit une Actrice fort immodeste, selon le goût et l’usage de ces sortes de femmes, qui ne pouvant soutenir les regards du Censeur, se retira brusquement. […] Ce fut le fruit de la lecture d’un ouvrage contre les spectacles, dont le Journal de Trevoux donne un fort bon extrait (Avril 1753. […] C’était un caractère singulier et fort enjoué : on est naturellement comédien à Béziers, sa patrie. […] Les interlocuteurs sont Momus, Jupiter, Mercure, et le bon Jurisconsulte Accurse, fort étonné de se trouver dans une telle conversation, où l’on se répand sur toute la nature. […] Enfin un traité fort extraordinaire et assez peu modeste, intitulé : Cupidon Jurisconsulte, ou la Jurisprudence de Cupidon.

/ 523