L’Histoire de Picardie, rapporte un spectacle singulier, autre fois fort en usage, appellé les grandes ou les petites diableries, On jouoit cette espece de tragédie à deux ou à quatre personnages, d’où est venu l’expression proverbiale faire le diable à quatre. […] C’étoient les diables & l’enfer des payens, dont la vue aidée des idées de la Réligion, les troubloient si fort, que les enfans prenoient la fuite, les femmes avortoient, les spectateurs hurloient, &c. […] L’avant scéne est décorée de quatre belles colomnes, dont les canelures sont à jour ; si grosses, qu’on a ménagé dans l’intérieur plusieurs places commodes, qui seront fort recherchées & bien payées. […] Il est fort parlé de cette salle dans le Mercure de Septembre ; mais ce n’est que pour en louer la charpente, comme un chef d’œuvre, ce qui doit être, puisqu’on y a employé les meilleurs ouvriers qui s’en sont fait honneur ; & en ont été bien payés. […] Une troupe de flagellants, fort communs en Espagne, se fouettent pour compatir aux douleurs du Sauveur.
Tous deux, parce qu’ils ne font que s’y délasser, que les Comédies d’aujourd’hui sont fort châtiées, que c’est une coutume reçue dans les pays policés, et même à Rome, qui est le centre de la Religion. […] Que si on les souffre à Rome et ailleurs, (quoiqu’ils y soient fort différents de ce qu’ils sont en France, soit pour les Acteurs, soit pour les Pièces, qui toutes subissent l’examen avant que d’être jouées,) ce n’est que comme on tolère un moindre mal pour en éviter de plus grands, selon ce mot de S.
O n verra avec plaisir, un extrait du Poème de la Magdeleine, qui est devenu fort rare ; cet ouvrage fait par un Carme, de Provence, dit de bonnes vérités : mais c’est un chef-d’œuvre de ridicule, par la maniere burlesque de les dire. […] Le fard formoit, jusqu’à nos jours, un objet très-borné d’industrie, qui n’occupoit que peu de personnes ; il est devenu un objet fort étendu de commerce, il forme un metier complet, que l’Académie des Sciences ne manquera pas de donner au public, avec tous les autres arts & metiers. […] Luillier, Doyen de la Faculté ; c’est la premiere fois qu’un Médecin s’est avisé d’approuver le fard, non-seulement aucun ne s’abaisse à ces foiblesses, contraires aux bonnes mœurs, qui sont fort au dessus de la sagesse & de la gravité d’un Docteur ; mais il n’en est point qui ne condamne l’usage de ces drogues, la plupart corrosives, qui occasionnent des maladies cutanées, qui flétrissent la peau, & empêchent la transpiration, par une sorte de plâtre, qui bouche les pores. […] Properce, Docteur grave dans ces matieres, fait tout ce qu’il peut pour empêcher sa maîtresse d’employer tous ces ornements que l’art met en œuvre, sur-tout le fard : d’abord il lui défend de faire usage d’une espece d’habit qui se travaille dans Lille ; de Co. veste Coâ, fort leger & fort transparent, par consequent fort indécent, à peu-près comme nos mousselines, ou nos points de perruque. […] Il étoit favori de Néron, parce qu’il étoit complice de ses débauches, soit par une vanité indécente d’un jeune homme qui se vante des faveurs des femmes, soit par une adresse criminelle de courtisan qui veut s’attacher un Prince, en lui donnant des maîtresses de sa main, Oihon vanta si fort la beauté de sa femme, que Néron voulut la voir, en devint amoureux, & la lui enleva, & pour se débarrasser d’un rival dangereux, l’envoya à quatre cent lieues de Rome, Gouverneur du Portugal.