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57. (1715) La critique du théâtre anglais « privilège du roi. » pp. 502-504

Collier, s’il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de Privilège sur ce nécessaires ; Nous lui avons permis et permettons par ces présentes de faire imprimer ledit Ouvrage, en telle forme, marge, caractère, conjointement ou séparément, et autant de fois que bon lui semblera, et de le faire vendre et débiter par tout notre Royaume pendant le temps de quatre années consécutives, à compter du jour de la date dédites Présentes.

58. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

L’approbation des autorités religieuses et judiciaires de la ville est manifestée par l’attestation du Prévôt et des Echevins qui clôt le texte de Gaule : « Nous Prévôt des Marchands et Echevins de la ville de Lyon, qui avons vu un petit discours, en forme d’épître à nous adressé intitulé Conviction véritable […], attestons et certifions en vérité, que le contenu en ladite conviction est aussi vrai (au fait) que ledit récit contraire est diffamatoire et fabuleux ; ne s’étant rien passé en l’action dudit jour 7 août dernier, que de grave, modéré, dévot, édificatif, et convenable au sujet entrepris. […] [NDE] Atellane = forme comique du théâtre latin, souvent bouffonne et obscène, reposant sur un canevas et mettant en scène quatre personnages masqués. […] En effet, il aurait été théologiquement discutable de représenter le Père, qui n’est pas incarné et jamais représentée en forme humaine dans les deux testaments. […] [NDE] Echafaud : ouvrage de charpenterie élevé en forme d’amphithéâtre pour y placer des spectateurs et pour le jeu des acteurs (voir Furetière 1690).

59. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « Résumé et moyens de réformation. » pp. 105-200

On particularise ces généralités par des insinuations, par des formes ou petites combinaisons adroites ; il suffit de quelque rapport ou consonnance de noms, de quelques traits de ressemblance dans les accessoires du tableau entre le personnage du théâtre et la personne qu’on a en vue de signaler. […] En voilà assez pour faire remarquer que la précaution obligée de généraliser est illusoire, que les critiques faites sous cette forme sont pires que si elles étaient, personnelles, puisqu’elles le deviennent multipliées au gré des passions, et qu’elles ont par conséquent tous les inconvénients dont celui qui donne aux auteurs le privilége d’attaquer et flétrir impunément qui bon leur semble n’est pas le moins grand. […] on pourrait citer bien des exemples d’hommes généreux qui ont pris spontanément la défense personnelle du faible opprimé : je n’ai donc qu’à faire le vœu que ce dévouement soit encouragé tant sous l’ancienne que sous cette nouvelle forme, qui n’entraînerait point une plus grande responsabilité que l’autre, et qui attesterait mieux le courage des auteurs et la sincérité de leur zèle que les imprudences accoutumées rendent si douteux qu’on est quelquefois forcé de croire que les uns sont au moins indifférents aux désordres qu’ils combattent, et que les autres seraient fâchés qu’ils manquassent à leur verve ou à leur ambition. […] En présence d’institutions de toute espèce et pour tout besoin, organisées avec un soin scrupuleux, suivant toutes les règles de la prudence, dont les maîtres et sous-maîtres sont choisis par des supérieurs qui ont passé par tous les grades, subi eux-mêmes toutes les épreuves, les concours, les examens sévères sur les études et la capacité, sur les principes et la moralité, épreuves qu’ils font subir aux aspirants avant de leur accorder le droit d’instruire et former les autres, droit qui encore n’est que la faculté de transmettre avec une autorité respectable à leurs élèves ou disciples soumis, obligés de les écouter, des préceptes ou des leçons dès long-temps préparées et approuvées, déclarées classiques, après avoir été épurées au creuset de la sagesse et de l’expérience ; en présence de semblables institutions, dis-je, et de tels instituteurs, je vois une confusion de professeurs, auteurs, acteurs et actrices, ou maîtres et maîtresses, d’une institution différente, isolés, éparpillés, aventuriers, errants, sans unité, obscurs ou distingués, estimables ou méprisables, licencieux, effrénés, etc., qui ont la plus grande influence sur les mœurs qu’ils font métier de corriger, sans être obligés de prouver qu’ils en ont, et trop souvent sans en avoir ; qui sont sans mission régulière, sans titre ou sans caractère (observez qu’il ne s’agit pas ici d’écrivains qui publient simplement leurs pensées, mais d’instituteurs qui ont des écoles ouvertes dans toute l’Europe, qui appliquent leurs soins presque à tous les genres d’instruction, qui se chargent de l’éducation et de la réforme des deux sexes, des trois âges et de toutes les conditions) ; sans titre, dis-je, sans guide, sous le rapport essentiel, dont la dépendance immédiate est nulle dans l’intérêt des mœurs, qui n’ont que des chefs d’entreprise, ou spéculateurs, traitants, hommes ou femmes, pieux ou impies, croyants ou athées, édifiants ou scandaleux, à qui il suffit surtout d’avoir de l’argent et de l’industrie pour diriger une troupe de comédiens, ou maîtres de cette école, choisis comme eux ; qui, étrangers au grand corps constitué centre de l’instruction et de l’éducation publiques, et sans être astreints à aucune de ses plus importantes formes de garantie, jouissent également du droit d’instruire et de former ou réformer, en transmettant, non en maîtres, avec une autorité respectable, des préceptes ou leçons dès long-temps préparées et approuvées, mais en sujets tremblants, des leçons toutes nouvelles et hasardées pour la plupart ; non à des élèves soumis et obligés de les écouter, mais à des disciples-juges auxquels ils sont obligés, au contraire, de soumettre et préceptes et leçons, et leurs personnes mêmes, qui sont tous sifflés ou applaudis, rejetés ou admis, selon le goût et le bon plaisir des écoliers. […] On y voit quelque chose de précieux par dessus tout : on y voit que les passions seraient le plus sagement contenues ; que les goûts dépravés, que toutes les licences corruptrices, seraient le plus rigoureusement réprimés ; que les fables dangereuses, bien que piquantes, comiques ou pathétique seraient rejetées, et, par conséquent, que la morale pourra être mise en sûreté ; sans que les sociétaires et autres bien intentionnés puissent avoir à se plaindre, puisque la censure sera exercée dans la meilleure forme possible, par leurs pairs assemblés ; lesquels pourraient aussi mieux apprécier alors cet axiome : Naturam repellas furcâ, usque tamen recurret ; et faire une plus sage ou plus profitable distinction, 1° entre les vices inexpugnables de nature, qu’on ne peut que contenir, et les vices de civilisation qu’il faut combattre franchement, comme le courageux Alceste le fait dans les faquins et les intrigants, qu’il désigne ; 2° entre les travers d’esprit, les ridicules et les préjugés susceptibles d’être corrigés actuellement par le théâtre, et ceux qui doivent être encore respectés, ou corrigés par des moyens plus doux, à cause de leur adhérence à des parties délicates de la morale, à des vertus que l’action trop violente ou trop prolongée du premier remède détruirait avec eux.

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