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2. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-10

Il n’y a point de fou qui porte la folie à cet excès ; ou, s’il en est quelqu’un, ce n’est plus un fou agréable, c’est un homme en délire, qui fait pitié & n’amuse pas. […] Il n’y a gueres en effet que la passion qui puisse fournir tant de folies. […] Mais ce sont deux foux, dit-on, qu’on donne pour tels, dont on joue les folies ? […] Il y a de la barbarie d’entretenir, d’augmenter la folie ; &, au lieu de travailler charitablement à la guérir, s’en faire un cruel divertissement, & la rendre incurable. […] La maison nombreuse du Duc fait mille folies plus grandes que celles du chevalier.

3. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Caton faisoit les plus sanglans reproches à Murena, en l’accusant de cette folie. […] & n’est-ce pas après ces excès que se font les plus grandes folies ? […] Ce mot de folie a été employé par Cicéron : Nemo saltat, nisi insanit. […] A n’envisager la danse qu’en Philosophe par les lumieres de la raison, c’est une folie. […] y a-t-il de plus grande folie que de se damner ?

4. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

Veritablement, si l’extravagance ne s’étoit naturalisée dans nos mœurs, nous nommerions folie ce qu’on appelle gentilesse. On a raison d’appeller des joueurs dans ces assemblées, afin que l’ame étant occupée par l’oreille, les yeux ne s’offensent pas de tant de mouvement irreguliers : cela veut dire, qu’une folie en couvre une autre. […] N’est-ce pas une folie, mais une folie du premier ordre, de sauter, de remuer le corps par bond, de se tourner, d’aller, de venir de côté, & d’autre ? […] La danse chez les Romains n’étoit pas permise aux honnêtes gens : ce qui a fait dire au plus éloquent de leurs Orateurs, que c’estoit une espece d’yvresse defendûë aux personnes, qui font profession de vertu, & c’est peut-être dans cette pensée, qu’un savant Ecrivain de nôtre siécle l’appelle une folie, qui passe de la tête jusqu’au pied.

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