Et un Chrétien, qui sait que le glaive suspendu sur sa tête ne tient qu’à un fil, un simple fil prêt à se rompre, un Chrétien qui sait que son Juge l’épie comme un voleur pour le surprendre, ce Chrétien s’expose de sang froid sur un endroit où il craint de mourir ! […] Et quand il seroit vrai, ce que vous dites à présent, que vous êtes toujours sortis innocents du spectacle, encore faudroit-il conclure avec un grand Docteur : Premiérement, qu’à raison du scandale, autorisant par votre exemple des personnes qui peut-être y périront, & dont Dieu vous redemandera les ames ; secondement à raison du danger auquel vous vous exposez, danger moindre si vous voulez, pour vous que pour d’autres, mais toujours vrai danger pour vous, c’est toujours un vrai péché, un péché grief pour vous, qui que vous soyez, d’y assister.
Son ministère étant libre, il peut & doit rendre la cause dont il s’est chargé sans le savoir, & ne pas s’exposer à l’odieux dénouement de ruiner la personne qu’il aime, ou se rendre suspect à sa partie, si elle vient à connoître l’intrigue. […] La passion pour les actrices est une maladie épidémique que communique le théatre, on ne peut l’éviter que par la fuite ; quiconque hante les coulices n’est pas moins exposé que celui qui vit dans une infirmerie de pestiferés.
Peut-elle en conscience les exposer au danger, & s’y exposer elle-même ?