On se trouve dans un certain relâchement, dans un je ne sais quel vide de Dieu, dans une inapplication si grande des exercices de la religion.
Vaut-il donc la peine qu’on y emploie autant de temps et de dépense qu’il en faut necessairement, et pour y paroître, et pour se mettre en état de le pouvoir faire, apprenant des années entieres ce ridicule exercice ?
Parmi les jésuites, tout indulgens qu’ils étoient pour la scène, ceux qui se dévouoient à une haute piété ou qui se consacroient à la chaire, abjuroient des exercices si opposés : Lingendes, Bourdaloue, Cheminais, Giroux, Segaud, Neuville, Perrusseau, &c. n’ont point donné de comédies. […] Cette prétendue réforme ne sait, comme celle des protestans, qu’adoucir les austérités, mitiger les regles, les prieres, les exercices, & débarrasser de tout ce qui gêne : cet air de liberté, ce ton de mondanité, détruit l’esprit de l’état, & forme une décoration comique ou plutôt tragique, puisque la religion en souffre, & que le contraste de la rigueur édifiante des regles primitives avec les nouvelles constitutions scandalise les foibles. […] Les écoliers font à la fin de l’année des Exercices littéraires en public : ce qui est très-utile, & leur donne de l’émulation. Mais devineroit-on qu’on y reçoive des femmes, que les femmes y interrogent les enfans, & leur fassent des argumens ; que de temps en temps les violons & les flûtes interrompent l’Exercice, & jouent un intermedes & qu’à la fin on y chante des airs d’opéra, on y exécute les plus belles danses, que le président homme grave & en dignité, y applaudisse, & fasse tenir le bal en sa présence.