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414. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

C’est quelquefois foiblesse d’esprit, souvent corruption & malice, pour séduire les simples, comme les retours des esprits dans les maisons, ces apparitions de génies que le Théatre a joué cent fois sous le nom de Sylphes, de Génies, d’Enchanteurs, de Fées.

415. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Eh bien, il en est de même de nos esprits et de nos corps. […] Vous pouvez la faire à mon corps ; mais vous ne pouvez rien sur mon esprit.

416. (1845) Des spectacles ou des représentations scéniques [Moechialogie, I, II, 7] pp. 246-276

Saint Charles Borromée fit ordonner, dans un concile provincial, que les prédicateurs reprendraient avec force le déréglement de ces plaisirs publics, que les hommes, séduits par une coutume dépravée, mettaient au nombre des bagatelles où il n’y a point de mal ; qu’ils décrieraient avec exécration les spectacles, les jeux, les bouffonneries du théâtre, et les autres divertissements semblables qui tirent leur origine des mœurs des Gentils, et qui sont contraires à l’esprit du christianisme ; qu’ils se serviraient de tout ce qui a été dit de plus pressant sur ce point par Tertullien, saint Cyprien, saint Chrysostôme et Salvien1 ; qu’ils développeraient avec soin les suites et les effets funestes des spectacles ; et qu’enfin ils n’oublieraient rien pour déraciner ce mal et faire cesser cette corruption. […] Voici ce qu’il a dit sur les spectacles, il y a quelques années, dans un discours public : « Voyez les théâtres tenant école de corruption et de scélératesse… foulant aux pieds les vertus les plus saintes avec l’intention patente de faire aimer, choyer, admirer le duel, le suicide, l’assassinat et le parricide, l’empoisonnement, le viol, l’adultère, l’inceste, préconisant ces forfaits comme la fatalité glorieuse des esprits supérieurs, comme un progrès des grandes âmes qui s’élèvent au-dessus de la vertu des idiots, de la religion des simples et de l’humanité du commun peuple. […] 2 Il est inutile de répondre qu’on n’est occupé que du chant et du spectacle, sans songer au sens des paroles ni aux sentiments qu’elles expriment et inspirent : car, comme dit encore Bossuet, « c’est là précisément le danger, que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense et plaisent sans être aperçus ; mais il n’est pas nécessaire de donner le secours du chant et de la musique à des inclinations déjà trop puissantes par elles-mêmes ; et si vous dites que la seule représentation des passions agréables dans les tragédies d’un Corneille et d’un Racine, n’est pas dangereuse à la pudeur, vous démentez ce dernier, qui, occupé de sujets plus dignes de lui, renonce à sa Bérénice, que je nomme parce qu’elle vient la première à mon esprit ». […] Si les peintures et les images immodestes ou obscènes présentent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, combien plus sera-t-on touché des représentations théâtrales, où, comme dit Bossuet, « tout paraît effectif ; où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion, de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges ; et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement et n’excite que par accident les passions…. […] Nous ne le pensons pas : d’ailleurs, une réformation morale est ici impossible, et, dans l’état actuel des mœurs et de l’esprit des nations, le théâtre est radicalement irréformable.

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