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54. (1762) Apologie du théâtre adressée à Mlle. Cl… Célébre Actrice de la Comédie Française pp. 3-143

Les ennemis du Spectacle foudroyent les Acteurs comme de y ils instrumens du mensonge, des organes honteux de l’imposture, qui n’ont pour charme que l’illusion, & pour mérite que l’art funeste de colorer l’erreur : mais que de bile & d’injustice renferment ces imputations ! […] C’est une erreur : il est vrai que la nature ne laisse pas de prendre en général du volume sur le Théâtre ; mais dès que c’est à son avantage, que loin de la défigurer, cela ne fait au contraire que l’embellir : quel tort peut-il en résulter pour l’illusion ? […] Le silence n’est point fait pour instruire, non plus que la nuit pour éclairer : & faute de connoissances précises sur le vice & la vertu nous encourons à leur égard des erreurs dangéreuses : c’est que pour le vice nous prendrons infailliblement son excès, & pour la vertu son abus. […] Tant que nos lumiéres n’ont point le degré de justesse & de vérité dont elles sont susceptibles, le goût n’est qu’un principe équivoque capable de délire & jamais d’enthousiasme : le génie devient le jouet de l’erreur, & le tact, cette qualité précieuse, celui du hazard. […] Ouvrons les yeux à la lumiére, & sortons d’une erreur aussi étrange ?

55. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Seizième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 278-281

Cher époux, sois-le, dût ton erreur être éternelle !

56. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Les discours que leur fait tenir une audace insensée, une logique artificieuse ou une plaisanterie piquante, & qu’il faut leur faire tenir pour remplir leur rôle, ébranlent les foibles, jettent des doutes, accoutument à l’erreur, au blaspheme, & répandent le germe de l’impiété, qui ne se développera que trop. […] Vous célébrez les chimeres, elles sont de tous les tems, elles nous sont nécessaires, nous sommes des vieux enfans, les erreurs sont nos lisieres, & les vanités légères nous bercent dans nos vieux ans. […] Voltaire n’est pas plus sage, il ne donne pas moins de folies à 80 qu’il en donnoit à 25 ans ; il est moins sage, il ne respecte ni la réligion, ni les mœurs ; les erreurs sont ses lisieres ; qu’il est à plaindre de s’en laisser bercer, il touche à l’éternité. […] Des erreurs instructives, des erreurs amoureuses, forment le fonds de ce Roman ; mais nous doutons qu’elles soient instructives, à moins que le tableau du libertinage ne soit matiere d’instructions, & la vue du vice puni, ne fasse naître l’horreur, ce qui n’arrive pas toujours, sous quelque forme qu’on présente le vice, s’il est peint avec chaleur, il réveille nos penchans naturels, & développe le levain caché de nos passions.

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