» Il termine sa lettre en gémissant sur les erreurs du monde : « Heu mundi error dolendus !
Ainsi tout nous force d’abandonner cette vaine idée de perfection qu’on nous veut donner de la forme des Spectacles dirigés vers l’utilité publique : c’est une erreur, disait le grave Muralt, d’espérer qu’on y montre fidèlement les véritables rapports des choses : le Poète les altère ; dans le Comique, il les diminue ; dans le Tragique, il les étend, & les met au-dessus de l’humanité : jamais ils ne sont à sa mesure, & toujours nous voyons au Théâtre d’autres êtres que nos semblables… Or si le bien est nul, reste le mal ; & comme celui-ci n’est pas douteux, la question paraît décidée. […] Une autre source d’erreur, c’est que les noms qui dans les langues primitives designaient le Principe de toutes choses, ou des êtres purement métaphysiques, tels que la Vertu productrice & conservatrice, l’Humidité, la Chaleur, le Froid, l’Air, les Vents, la Puissance, la Justice, la Force, la Vengeance, la Punition, tous ces noms, dis-je, furent appliqués aux premiers Rois qui règnèrent, selon qu’ils convenaient à leurs caractères : & cela est très-naturel, car cet usage, chez les Hébreux, avait lieu même pour les particuliers*. […] Il n’y a qu’une voix pour cela : monsieur Rousseau lui-même, faute de distinguer suffisamment les temps, tombe dans l’erreur commune : il cite la loi : Quisquis in scenam prodierit, ait Pretor, infamis est. […] Mais, (& voici la cause de l’erreur où tous les Mimographes sont tombés,) la République Romaine eut un sort bien différent des Républiques Grecques.
Opinion, bisarre idole, Dont l’Univers subit la loi, Moins puissante que sa parole, En lui tu reconnois ton Roi ; Au milieu de l’erreur commune, L’homme éloquent est le Neptune Qui s’éleve du sein des eaux, Il parle aux vagues mugissantes, Et les vagues obeissantes vont expirer sous les roseaux.