Croient-ils que dans la colere, Hermione marche à pas comptés, A dieu, tu peux partir † je demeure en Epire † Je renonce à la Grece † à Sparte, à ton Empire † A toute ta famille, † & c’est assez pour moi † Traître, qu’elle ait produit † un monstre tel que toi. Voici comme la Passion peinte dans ces Vers conduit la voix, Adieu † tu peux partir † je demeure en Epire † Je renonce † à la Grece † à Sparte † à ton Empire † A toute ta famille † & c’est assez pour moi Traître † qu’elle ait produit un monstre † tel que toi. […] Dans nos Romans ce n’est point parce qu’une femme est admirable par les qualités de son ame, qu’elle a un empire absolu sur un Heros, c’est parce qu’elle est belle ; son empire est celui de la Beauté : ainsi dans nos Tragédies toute Maîtresse fut appellée une Divinité : Emilie en est une pour Cinna, qui s’écrie : O Dieux, qui la rendez comme vous adorable. […] Il n’est pas étonnant qu’on l’accuse en Italie d’avoir mis à la mode dans notre Tragédie, le langage amoureux, puisque dans le pays où il doit être mieux connu, tant de Personnes s’imaginent que ce langage étoit toujours le sien, qu’il ne faisoit ses Tragédies que pour faire valoir une Actrice, dont il étoit l’esclave, Actrice cependant qui n’eut jamais (comme j’en suis certain) aucun empire sur lui, & qu’on se représente parlant d’Amour parmi les femmes, un homme qui uniquement occupé de l’étude de son Art, passa avec les Poëtes Grecs le tems de la vie où les passions sont les plus vives. […] La femme qui mérite ce grand Sacrifice, est cependant une femme très-peu estimable, & l’on peut remarquer que dans les Tragédies de Corneille toutes ces femmes adorées par leurs Amans, sont par les qualités de leur ame, des femmes très-communes : ce n’est que par la beauté que Cleopatre captive César, & qu’Emilie a tout empire sur Cinna.
Il est vrai qu’il a paru des histoires de l’opéra, du théatre François, du théatre-Italien, du théatre de la Foire ; mais ce ne sont que des auteurs particuliers, qui par zèle, ont transmis à la postérité, une partie des grands événemens de ces fameux Empires. […] L’Historiographe de l’Empire rassemble & lit tous ces écrits, & en compose son histoire.
Tout empire : le luxe introduisit la licence, le théâtre leur donna des ailes, elles vengèrent l’univers vaincu : « Sævior armis, luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem. » Enfin sous les Néron, les Caligula, les Héliogabale, le désordre étant monté à son comble, le spectacle, qui en fut toujours et un effet et un principe, ne connut plus les lois de la pudeur, jusqu’à ce que les Empereurs Chrétiens éteignirent cet incendie, ou plutôt jetèrent quelque poignée de cendres sur ce brasier, en le renfermant dans certaines bornes de bienséance. […] Il s’y soutint en Orient et en Occident jusqu’à l’extinction des deux empires, et même sous les Princes Wisigoths, comme le rapporte Cassiodore. […] A leur exemple, il en fut bâti une infinité dans tout l’empire. […] Quel empire sur tout ce qu’il y a de plus grand dans le monde ! […] Il est certain que la fureur des spectacles a été un des plus grands désordres, et une des principales causes de la perte de cette grande ville, et même de l’empire Romain, en Orient et en Occident, et elle produira les mêmes pernicieux effets, surtout pour la religion, partout où elle sera dominante.