En 1719, dit-il, lors des billets de banque (cette date ne remonte pas aux Empereurs Romains) le théatre, alors très-licencieux, ne faisoit que parler le langage des sociétés (& les sociétés le sien). […] Pendant la tenue du Concile l’Empereur Sigismond vint à Constance. […] est-ce sous le règne des Empereurs Payens jusqu’à l’établissement du christianisme, ou sous le règne des Princes Chrétiens depuis Constantin ? […] Avant même les Empereurs Romains, c’est-à-dire avant le regne de la licence théatrale, tandis que la République avoit encore des mœurs & de la décence, sous les yeux de ces sages Consuls qui en soûtenoient la majesté, de ces austères Censeurs qui en prévenoient & punissoient si sévèrement le désordre, on tenoit le même langage. […] Les Empereurs Grecs Théodore, Arcade, &c. ont enchéri par des loix nouvelles sur la rigueur des premieres.
» Ce sont les termes de ce Concile ; et il n’y a pas lieu de s’étonner de cette ancienne sévérité de l’Eglise à l’égard des Comédiens, et de ceux qui assistaient, ou qui participaient à leurs spectacles ; puisque les Païens mêmes, comme Sénèque, ont regardé les Comédies, comme la chose la plus contraire aux bonnes mœurs : « Nihil tam moribus alienum, dit ce Philosophe, quam in spectaculo detineri » ; et qu’il y eut même quelques Empereurs, du nombre desquels est Domitien, qui chassèrent de Rome tous les Comédiens, comme autant de gens, dont il regardait la profession, comme pernicieuse au bon Gouvernement de ses Etats : en quoi certainement il ne se trompait pas dans cette pensée. […] Il est vrai, que les anciens Pères, en parlant de la sorte, avaient principalement en vue certains jeux de théâtre, qu’on appelait Majuma, dont les Empereurs firent retrancher ce qu’il y avait de plus dissolu, et de plus honteux : mais quelque réforme qu’on y ait fait, saint Chrysostome ne laisse pas de les appeler des écoles d’adultère et de libertinage : non pas qu’on représentât des actions sales sur le théâtre, ce que ces pieux Empereurs n’auraient pas souffert ; mais parce que les Comédiens de l’un et de l’autre sexe ne s’étudiaient qu’à se servir de paroles et de gestes affectées, qui n’étaient propres qu’à remplir l’esprit de mille idées impures et le cœur de mauvais désirs. […] » Nous pouvons ajouter, que les Lois Civiles mêmes sont conformes en ce point à celles de l’Eglise, comme on le peut voir par celles des Empereurs Valentinien, Valens et Gratien, dont une est trop remarquable, pour ne la pas rapporter ici toute entière. […] » Voilà une Loi expresse, qui prouve évidemment, que ces Empereurs, non plus que les Evêques, ne voulaient pas qu’on admit aux Sacrements les Comédiens, quoiqu’ils se trouvassent malades au lit de la mort, à moins qu’ils ne fissent une promesse authentique, entre les mains des Magistrats, de ne plus jamais exercer leur Profession ; et que même en ce cas, on ne leur donnât les Sacrements, que lorsque les Evêques le trouveraient à propos ; c’est-à-dire, qu’encore qu’on ne leur refusât pas l’absolution, quand ils donnaient des marques d’une sincère pénitence on ne leur accordait néanmoins la sainte Communion qu’avec l’approbation de l’Evêque.
Ce peuple donc qui se plaisait autrefois à voir jouer un Empereur sur le Théâtre, et qui lui donnait des applaudissements, est à présent le même qui se déclare contre les Pantomimes, et qui condamne ces Jeux infâmes, et ces divertissements honteux à notre siècle. […] Les sentiments de Cicéron n’étaient pas aussi fort éloignés de ceux de cet Empereur, lorsqu’il préfère les exercices de ses études aux Fêtes des Jeux. […] S’il avait lu encore ce qu’en a écrit l’Empereur Julien l’Apostat ; il se serait bien gardé de dire que parmi les Païens les Théâtres n’étaient pas moins religieux que les Temples ; car cet Empereur déclare « Theatra turpissima opera, et fœdissima vitæ munia. » Julian. in Misopog. […] C’est ce que l’Empereur Constantin nous apprend lui-même par ces paroles qu’il dit aux Evêques assemblés dans son Palais, touchant sa conduite envers les Païens. […] Les Empereurs Chrétiens, dit-il, ont donné des Spectacles ; Les Spectacles donc sont exempt