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266. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE III. L’insolence du Théâtre Anglais à l’égard du Clergé. » pp. 169-239

Au septième de l’Æneïde, Virgile nous donne comme une liste des Princes et Officiers généraux qui vinrent au secours de Turnus, et il dit entre autres :  « Quin et Marrubia venit de gente Sacerdos Archippi Regis missu fortissimus Vmbro. » Le Poète loue ce Prêtre et pour son courage, et pour ses belles connaissances : Umbro avait le secret de calmer les passions, et d’empêcher les effets du poison par le moyen des plantes dont il connaissait parfaitement la vertu : sa mort laissa de grands regrets à sa patrie qui lui fit de pompeuses funérailles. […] Et quel autre motif que le respect pour la Religion aurait pu l’empêcher d’user d’une liberté fondée sur la pratique de ses prédécesseurs ?

267. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Une disposition de la Scène plus parfaite encore pourrait avoir lieu dans les Pièces à composer, & même dans quelques-unes de nos anciennes Tragédies ; elle contribuerait infiniment a augmenter la dignité de leur Spectacle : si dans Britannicus, par exemple, la décoration représentait un Palais, dont le portique couvrît l’avant-scène ; qu’un peu sur le côté fût la salle où Néron donne audience à sa mère, à Burrhus ; où il écoute l’entretien de Britannicus avec Junie ; & que cette salle fût ouverte dans ces scènes seulement : que le vestibule où se passe la plus grande partie de l’Action, fût le Proscénion ou le local vide de l’avant-scène ordinaire : qu’un vaste Parascénion ou arrière-scène, formant une Place publique, se découvrît dans la scène qui précède celle du Récit, en ouvrant le fond du portique : que le Spectateur entrevît alors rapidement passer l’Amante du frère de Néron ; qu’il la vît tombante aux pieds de la statue d’Auguste, & sur le champ emportée par une foule ondulante, qui se précipite, qu’on repousse, & dont l’éloignement seul empêche d’entendre les cris ; qu’Albine racontant la consécration de Junie, montrât à Agrippine cette statue d’Auguste, encore environnée de Peuple & de Gardes &c. quelle illusion cette vue ne produirait-elle pas, sur-tout lorsque cet ensemble serait aidé de la majesté d’un Théâtre digne de la Nation ! […] La Scène change souvent dans un Opéra : tantôt elle présente des Jardins, des Campagnes délicieuses, de sombres Forêts : il faut que l’agréable y soit plus riant qu’aux autres Spectacles, le sérieux plus foncé, que les Deserts y soient effrayans ; les Temples & les Palais d’une magnificence digne des Dieux ou des Fées : la Scène y doit être vaste, & libre à cause des Danses ; mais qui empêcherait qu’on ne plaçât plus agréablement & plus naturellement les Chœurs ? […] La première, la seconde, ni même la troisième Représentation ne seront jamais intérompues ; ce n’est qu’à la quatrième qu’il sera permis au Public de juger la Pièce tombée, & d’empêcher de l’achever : en effet, il est injuste qu’une seule Chambrée décide du sort d’un Ouvrage d’esprit, & prive du même droit ceux que la Salle trop étroite n’a pu contenir. […] Le Juriste, l’Avocat étaient estimés ; parce que le Peuple le plus barbare a besoin de quelqu’un qui l’aide à tromper, ou qui l’empêche de l’être ; mais les Notaires, par exemple, les Libraires, copistes par état ; étaient des Esclaves publics. […] La fierté naturelle à notre sexe se réveilla ; la passion insensée d’une héroïne imaginaire, empêcha l’étourdie de succomber à la sienne.

268. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Le goût de la multitude pour les Atellanes & pour les farces des Mimes empêcha la perfection de l’Art dramatique. […] Ils penserent que c’étoit le moyen d’empêcher ces Religieux de se mêler avec les Séculiers, & de les exclure des assemblées profanes. […] Qu’on lise leurs Regles ; qu’on examine leurs usages, & l’on ne pourra s’empêcher de reconnoître que tout ce qui leur est recommandé, que tout ce qu’ils doivent observer dans leurs cloîtres, les rappelle à Dieu.

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