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82. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Quinault, tendre, sensible & doucereux, a donné dans ses opéra la plus douce & la plus harmonieuse poësie. […]   C’est dans ce lieu que Polymnie,   Par de doux & tendres accens   Excite dans l’ame attendrie    Ces désirs, ces feux ravissans   Qui font le bonheur de la vie    Et les délices des amans. […]  Combien d’Agnès viennent adroitement, Malgré l’œil vigilant d’une duegne austère, Y prendre un billet doux des mains de leur amant ! […]   Enfin la douce égalité Confond tous les états, rend la scene commune, Sans égard pour le nom, le rang ni la fortune ; Les éloges flatteurs y sont pour la beauté.

83. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

non seulement habituelle, mais aussi actuelle : or est-il que la grâce actuelle consiste en des lumières de l’entendement, et en des suavités et affections de la volonté, que saint Augustin appelle « une victorieuse délectation » :13 Et ailleurs il dit, que « la grâce de Dieu consiste à faire connaître ce qu’était caché ; et à rendre doux et agréable, ce qui ne nous plaisait pas ». […] Cette Damoiselle sortait du Sermon toute joyeuse de n’avoir pas eu sujet d’être touchée de la voix du Prédicateur, pour quitter ses vanités ; et ainsi se moquait de sa mère en son cœur, et s’en riait avec ses compagnes : ne vous sera-t-il pas une grande joie, et une récréation toute divine, d’avoir si bien trompé le monde, et Satan qui en est le prince, que vous aurez été comme la rose entre les épines, ou comme les Iles Chélidoines, lesquelles ont une eau très douce, quoique entourée de tous côtés de l’eau salée de la mer : ou comme les mères perles qui dans la mer n’ouvrent jamais leurs coquilles, pour recevoir une goutte de son eau, mais bien de celle de la rosée du Ciel ; c’est triompher du monde, du Diable, et de la chair, que d’en faire ainsi. […] Vous serez comme les trois enfants jetés dans la fournaise ardente en Babylone, un seul cheveu de leur tête n’en fut point brûlé, ni leur robes aussi ; ains cette fournaise leur servit de rafraîchissement, comme une douce rosée ; une mauvaise pensée représentée par les cheveux, le dérèglement en votre corps, qui est comme la robe de l’âme, ne se trouveront point en vous : ains (ce qui est plus admirable, et qu’est arrivé à quelques bonnes âmes que je ne puis nommer, parce qu’elles vivent encore) vous sortirez de ces lieux-là, avec la douce rosée de la dévotion, et de l’union avec Dieu, comme si vous sortiez d’une Prédication, ou d’une Méditation ; ceci semblera étrange à ceux qui ne connaissent pas, comme Dieu traite les âmes qui lui sont fidèles en tout et partout ; ce que j'écris est néanmoins véritable.

84. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

La Comédie, plus douce dans son stile, plus simple dans sa marche, fait agir l’humble habitant des Villes ; elle donne des leçons à tous les hommes en général, & sur-tout aux particuliers.

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