Donc ce saint évêque, père de l’église, l’un des plus savants docteurs de son temps, allait à la comédie : mais Nicole disait aussi que le danger de la comédie, est qu’on y fait paraître bien souvent le vice aussi aimable que la vertu.
Nous avons vû que celle-ci n’étoit nullement favorable à sa cause : ajoutons le témoignage des Payens qu’il n’oseroit suspecter ; nous préluderons par les Docteurs de l’Eglise, sans avoir aucun égard à sa répugnance ; leurs sentimens font un ensemble d’un aussi grand poids que les Canons, & dès qu’ils se réunissent en grand nombre sur une assertion doctrinale, on ne peut la démentir, sans s’écarter des bornes de la foi dont ces grandes lumieres ont conservé le précieux dépôt dans leurs ouvrages respectifs. […] Saint Thomas en dit tout autant, ainsi que nous l’avons observé plus haut ; on a voulu s’autoriser d’une décision de Saint Antonin mal entendue : alors le Théâtre n’étoit occupé que des exercices de la piété, & supposé que l’Italie ait eu d’autres Histrions, ce Saint Docteur ne les connoissoit pas, ou du moins ne les avoit-il point en vue, s’il est vrai qu’il ait avancé quelque chose en faveur des Spectacles.
Ce saint Docteur, fils d’un Préfet du Prétoire des Gaules, la première dignité de l’empire d’Occident, y suivit plusieurs années le barreau, exerça la charge de Conseiller Assesseur du Préfet du Prétoire, et fut enfin Gouverneur de deux provinces consulaires, l’Emilie et la Ligurie ; avec les honneurs de Consul, magistrature suprême dans l’Empire. […] Ce grand Docteur ne s’y borne pas.