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202. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE III. Est-il à propos que les jeunes gens aillent à la Comédie ? » pp. 55-83

Lorsque les jeunes Etudiants avaient fini leur cours d'étude et devaient passer au rang des maîtres, ce que nous appelons passer Docteur, on les menait en cérémonie au bain, où se trouvaient, d'un côté les maîtres pour les prendre et les agréger à leur corps, et de l'autre leurs condisciples, qui faisaient semblant de s'y opposer, comme ne voulant pas perdre un camarade qui leur faisait honneur ; ce qui formait une espèce de combat qu'ils appelaient eglistræ, où les maîtres devenaient enfin vainqueurs, emmenaient le candidat, le couvraient de riches habits, le promenaient en triomphe dans la ville, et le faisaient monter sur le théâtre public pendant la représentation, pour recevoir les éloges et les applaudissements des spectateurs.

203. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Et quand, pour l’intérêt commun, chaque individu, dans un état civilisé, fait le sacrifice de partie de ses droits naturels ; quand le charlatan et l’empirique n’y peuvent débiter leur drogues empoisonnées, comment se ferait-il que des docteurs sans mission comme sans principes, auraient la faculté si dangereuse de prêcher impunément et publiquement sur le théâtre une morale propre à corrompre la masse générale des citoyens. […] je ne le dis point par un zèle aveugle pour le succès d’une religion, qu’après le plus sérieux examen je trouve aujourd’hui la seule raisonnable et la seule digne de fixer un cœur droit, un esprit éclairé, mais je le dis par le sentiment d’un véritable intérêt pour la société, non, il n’y a rien que je voie avec plus de déplaisir, que tout ce qui tend au mépris des augustes vérités qu’on professe dans l’église ; il me semble que si j’avais le malheur de préférer au témoignage et des siècles et des hommes les plus illustres, la frêle autorité de ces risibles docteurs qu’animent les seules passions et la plus profonde ignorance des dogmes qu’ils combattent, je serais encore assez bon citoyen pour renfermer dans ma triste pensée des opinions et si désespérantes pour moi, et si dangereuses pour les autres53. […] NDA Plus d’un service rendu à l’église elle-même par les orateurs du barreau, pourraient établir qu’ils n’étaient pas indignes d’être placés à côté des plus saints docteurs, témoin le courage et le zèle qu’apporta jadis Eusèbe de Césarée, célèbre avocat à Constantinople, qui le premier s’éleva avec tant de force et de succès contre l’hérésie de Nestorius.

204. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Dans les quatre gros volumes de l’Art de la comédie, le sieur Caihava est si enthousiasmé de Moliere, qu’il le regarde comme la source, le docteur, le centre, la regle unique de tout le théatre ; ses œuvres sont plus que les aphorismes divins d’Hypocrate dans la médecine, Aristote dans l’ancienne philosophie, le digeste & le code dans la Jurisprudence.

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