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28. (1715) La critique du théâtre anglais « AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR. » pp. -

Les Français verront une critique judicieuse, savante, variée de différents traits, qui sauvent les redites si ordinaires dans ce genre d’écrire, où il est encore moins permis qu’en tout autre de se distraire de son objet. […] On sait que ce genre d’écrire est marqué à un coin différent des autres ; qu’il ne consiste pas, comme l’histoire, par exemple, dans un récit simple et fidèle ; qu’il y faut je ne sais quel brillant qui serve comme de parure au solide, certains tours particuliers soit pour la pensée, soit pour l’expression ; certaines figures qui le caractérisent. […] Je ne prétends pas néanmoins que ma traduction soit tout à fait littérale : ce serait me faire gloire de parler Anglais en Français ; d’ailleurs on me convaincrait aisément d’imposture sur cet article : les habiles gens à Londres entendent communément le Français ; bien différents de nos Ecrivains qui presque tous ignorent l’Anglais.

29. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Le Père Brumoy a bien raison de dire, « Les Œuvres poètiques peuvent avoir des beautés d’un ordre plus ou moins élevé, & plaire par des graces différentes ». […] Il faut un grand art pour savoir contenter les différens goûts. […] Mais l’idiôme de ces langues était différent du nôtre ; leurs épithètes, qui nous paraissent si ridicules, étaient une grande beauté. […] Les guerres civiles, les incursions des Barbares arrêtèrent autrefois les progrès de l’esprit chez les différens Peuples de la terre. […] Voilà quels sont les grands coups que l’on veut porter au nouveau Spectacle, Ses énnemis prétendent l’accabler par de fortes raisons, tandis que ses partisans croient que tout doit se réunir en sa faveur : au milieu de tant d’avis différens il n’est pas difficile de reconnaître ceux qui suivent le parti de la vérité.

30. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

les cheveux serpentent, & entrelacés de furies forment le plus parfait contraste avec les ondulations des cheveux flottans de l’amour  : en saisissant les nuances attachées aux différents genres, on reconnoît la main d’un habile artiste ; l’art du Coëffeur des Dames tient donc au génie , c’est un art libre & libéral. […] Les differents visages demandent des traitemens différents, pour embellir la nature, ou réparer ses disgraces, concilier le ton de la chair avec la couleur de l’accommodage ; comme un peintre il faut connoître les nuances, l’usage du clair obscur, la distribution des ombres, pour donner plus de vif au teint, & d’expression aux graces. […] En les arrangeant de mille manieres différentes, en toupet, en boucles, en tresses pendentes, en pointes, en ondes, en couronne, en boudin, en mouton, en marron, à divers étages, comme on voit les Imperatrices & les Dames Romaines, sur les médailles, mais on n’y voit point des hommes dans un attirail si effeminé ; même les Empereurs le plus effeminés, Neron, Commode, Heliogabale contents de la couronne de laurier qui ceignoit leur tête, ne se sont pas ainsi dégradés aux yeux de l’Univers & de la postérité, par un ridicule indigne de la Majesté Impériale. 7° En les poudrant par différentes especes de poudres de plusieurs couleurs, ils se servoient peu de la farine de froment, que nous employons, & que le bien public devroit faire proscrire, puisque la toilette en fait une consommation étonnante ; il n’y a point d’homme ou de femme poudrés à blanc, dont la poudre ne suffit chaque jour pour nourrir un pauvre. […] Deux auteurs bien différents, St Clement d’Alexandrie l. 3. c. 3. […] Ces différentes manieres de farder la tête se tirent du langage de Martial, & des autres poëtes, qu’on ne peut aisément expliquer. 1°.

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