Le Maître de musique de l’Empereur, répondit à son tour : que par-tout où se trouvait son Maître, il pouvait prétendre le pas ; & que la musique Française devait être plus considérable que sa source ; de même qu’un ruisseau, faible d’abord, va toujours en grossissant, & devient à la fin un vaste fleuve.
Ces applaudissemens qui du commencement estoient volontaires, & qui n’eclatoient que par la force des sentimens convaincus, devinrent indispensables du temps des Empereurs, & passerent pour des devoirs ; de sorte que soit que les Princes parussent à la teste de ceux qui devoient combatre, soit que d’abord ils prissent simplement leurs places, si-tost qu’ils paroissoient, le Peuple les benissoit & leur soûhaitoit la durée de leurs jours & de leurs Empires, par des vœux solemnels & en desΠολυχρόνιον ποιήσει ο θεος την ἁγιαν βασιλειάν σας ἐις πὸλλὰ ἔτη.
Il est même si incompréhensible, qu’il fait par un étrange renversement, que ces portraits deviennent souvent nos modèles, et que la Comédie en peignant les passions d’autrui, émeut notre âme d’une telle manière qu’elle fait naître les nôtres, qu’elle les nourrit quand elles sont nées, qu’elle les polit, qu’elle les échauffe, qu’elle leur inspire de la délicatesse, qu’elle les réveille quand elles sont assoupies, et qu’elle les rallume même quand elles sont éteintes.