Ce saint Concile général condamne ceux qu'on appelle Comédiens, et défend entièrement leurs Spectacles, comme aussi les Danses qui se font sur le Théâtre. […] Ils prêcheront souvent avec force contre les Danses, et le Bal, par lequel sont excitées les passions les plus dangereuses: Enfin ils emploieront tous leurs soins à représenter avec un zèle pieux, et avec autant de véhémence, qu'il leur sera possible, combien les Comédies, qui sont la source et la base presque de tous les maux, et de tous les crimes, sont opposées aux devoirs de la discipline Chrétienne, et combien elles sont conformes aux dérèglements des Païens; et que comme elles sont une pure invention de la malice du Démon, le Peuple chrétien les doit entièrement abolir. […] Ce Concile exhorte tous les Chrétiens de se conduire de telle sorte, que leur vie réponde à la dignité, et à l'honneur du nom de Jésus-Christ, et de fuir autant qu'il leur sera possible, les Danses, les Jeux publics, les Comédies, les Masques et les Jeux de hasard.
D’abord emportée par un zèle amer, j’aurais voulu anéantir Comédies, Opéras, Danses, Bals… Mais, ce premier mouvement calmé, j’ai vu qu’il était insensé de chercher à diminuer les plaisirs de la vie, parce qu’ils ont des abus ; j’ai trouvé qu’il y avait un moyen fort simple de conserver des amusemens aussi piquans, aussi louables, aussi utiles, que ceux que le Théâtre nous procure, sans nous exposer aux inconvéniens. […] La forme de nos Spectacles consiste dans le genre du Drame, le jeu des Acteurs, & dans la Musique & les Danses qui peuvent les accompagner. Si l’on considère chacun de ces objets en particulier, l’on n’en trouve aucun qui n’ait ses inconvéniens, puisqu’il n’en est aucun qui n’excite les passions, & qui ne puisse en rendre l’émotion dangereuse : la Musique, par ses accens efféminés ; la Danse, par ses voluptueuses attitudes : je ne dois m’arrêter ici qu’aux principales sources du danger des Représentations : je renvoie pour les autres au § II, où je les envisage par le côté favorable. […] Pour moi, qui suis la première femme qui traite cette matière ; qui n’ai lu les Ouvrages des hommes que pour les contredire, je vais prendre un juste milieu : J’avance que le Théâtre peut être utile ou dangereux par ses Drames, par la Musique, par les Danses ; mais qu’il est toujours avantageux par le plaisir qu’il procure ; je dois le prouver dans un autre endroit. […] Une Musique & des Danses voluptueuses peuvent enflamer les désirs ; mais tout cela peut aussi, & doit naturellement ne réveiller que des sensations agréables, innocentes autant que délicieuses.
Il y a une danse, autrefois fort en vogue, aujourd’hui negligée, qu’on appelle Pavane, la danse des Paons. […] Cette danse est fort grave. […] Cependant elles ont aussi quelquefois des queues traînantes, comme on a quelquefois des sabots, des houlettes, des armes, des rubans, selon le caractère de la danse ; ce qui fait un plaisant assemblage de la courte juppe & de la longue queue. La danse à queue est une danse royale tres-majestueuse. On voit les queues serpenter sur le théatre, se croiser entr’elles à mesure que les danseurs passent & repassent, suivre ses pas & la mesure, comme une danse de serpens, voltiger galamment quand ils sautent, rouler rapidement & faire la roue quand ils font la cabriole ; & quand on y a attaché des brillans, ce sont des feux folets, des étoiles éteincellantes qui marquent les pas des actrices & leurs entrechats.