» expliquant ces paroles du chap. 5. de Saint Matthieu, Celui qui voyant une femme concevra un mauvais désir envers elle, a déjà commis le péché dans son cœur ; ce Père parle du danger qu’il y a d’assister à la Comédie, par rapport aux femmes qui paraissent sur le Théâtre. « Si une femme négligemment parée, dit-il, qui passe par hasard dans la place publique, blesse souvent par la seule vue de son visage celui qui la regarde avec trop de curiosité ; ceux qui vont aux spectacles, et non par hasard, mais de propos délibéré et avec tant d’ardeur, qu’ils passent un temps considérable à regarder des femmes infâmes, auront-ils l’impudence de dire qu’ils ne les voient pas pour les désirer, lorsque leurs paroles dissolues et lascives, leurs voix et leurs chants impudiques, les portent à la volupté ? […] La seconde, quand il y aurait quelque chose de libre dans le corps de la Pièce ou dans ce qui la finit, cela ne pourrait rendre la Comédie mauvaise, que par rapport à ceux à qui elle serait une occasion prochaine de péché ; et non pas à l’égard de ceux qui vont à la Comédie sans en recevoir aucune impression, ni sans en remporter aucune mauvaise idée, et qui par conséquent sont hors de danger de péché. […] L’on répond que Saint François de Sales considère la Comédie en elle-même spéculativement, et quant à sa substance, comme il parle première partie chap. 23. de son Introduction. « Il dit que les Comédies même honnêtes sont dangereuses et nuisibles à la dévotion. » Et quand il parle part. 3. chap. 33. « Il dit que c’est une chose dangereuse, et selon l’ordinaire façon avec laquelle cet exercice se fait, il est fort penchant et incliné du côté du mal, et par conséquent plein de danger et de péril. » Ce sont les paroles de ce saint Evêque, que l’on peut appliquer à plus forte raison à la Comédie.
Qu’elle est peu intraitable quand elle est si peu émue sur la perte d’un trésor si fragile & si précieux, & qu’en souffrant, d’un air aisé & en riant, les plus coupables attentats, elle enhardit, elle invite, elle fait tout espérer, & se met soi-même dans le plus grand danger !
Vray-semblablement cette carriere estoit étroite & avoit sur ses bords ces bornes qu’il faloit éviter, & que l’on ne heurtoit point impunément ; car outre le danger de rompre le Chariot qui couroit, le courant étoit decheu du droit & de l’esperance du prix.