Ce grand guerrier pensoit que les spectacles & les fêtes étoient propres à distraire le soldat de la réflexion sur les dangers & les fatigues de son métier, comme la politique d’Auguste amusoit le peuple romain par des jeux, pour faire oublier son usurpation & le poids des impôts. […] La Duchesse, instruire du danger d’être pris que couroit le Comte, lui envoya sa garde qui le sauva, lui donna un appartement dans son palais, le fit servir à ses dépens, eut pour lui les plus grandes attentions, envoyoit tous les matins à son lever un page pour s’informer de sa santé, & un officier prendre ses ordres ; elle fit un voyage à Riga, pour engager son concurrent à ce désister de ses prétentions sur le duché de Courlande, & à Petersbourg, pour calmer la Czarine, & la prier de retirer ses troupes qui s’étoient emparées du duché.
D’abord ces libertés passionnées qui le précèdent, n’allassent elles pas au dernier crime, sont si peu innocentes aux yeux de la saine morale, que les règles de l’Église défendent aux fiancés de loger dans la même maison, pour écarter le danger des familiarités criminelles que l’occasion & la vûe d’un mariage prochain rendroient si faciles. […] Outre le péché de la témérité qui expose à un danger évident, c’est la même nature de crime, qui ne differe que par ses divers degrés d’énormité.
Sans couvrir les Acteurs d’infamie, Athènes ne se dissimuloit pas le danger des représentations théatrales, & ne vouloit pas y exposer la vertu d’un sexe fragile, dont la modestie est le plus bel ornement. […] Mais c’en est assez pour sentir la licence de leur vie, le désordre de leur immodestie, le danger de leur société.