Le Père Confesseur défend à l'écolier d'aller à la comédie, le Père Préfet la lui fait représenter. […] Leur Général leur a souvent défendu les pièces de théâtre Françaises, et ce Monarque, qu'on dit si despotique, n'a point été obéi. […] » Ce pompeux panégyrique du théâtre est bon à faire à quelqu’un qui ne l'a jamais vu ; il fait rire ceux qui le connaissent, si l'enthousiasme ne leur met sur les yeux un verre coloré. « Lorsque Julien (on l'a appelé l’Apostat dans tout l'univers pendant quatorze siècles, il a cessé de l'être depuis que toutes les religions sont indifférentes) défendit aux premiers Chrétiens d'enseigner les lettres humaines, et à la jeunesse de les étudier ailleurs que dans les écoles payennes, (les jeunes gens eurent toujours la liberté d'apprendre ce qu'ils voulurent, il n'y eut que les Régents Chrétiens interdits. […] Sa philosophie l'en éloignait par principe de vertu ; et par zèle pour sa religion, ne pouvant l'interdire à tout le monde, il voulait du moins que les Prêtres Païens s'en abstinssent, pour donner du crédit au paganisme par cet air de piété, à l'exemple des Chrétiens, qui n'y allaient jamais, et auxquels dans son système de persécution il n'eût pas manqué de défendre d'y paraître, s'ils l'eussent fréquenté, pour se moquer d'eux, ou d'ordonner d'y aller, pour les corrompre, s'il eût espéré d'être obéi. […] » Tout cela suppose en effet que les Chrétiens n'allaient jamais aux spectacles, que l'Eglise le leur avait toujours défendu ; et n'en eût-elle pas fait encore la défense, elle aurait dû pour son honneur ne pas se montrer moins zélée pour la pureté qu'un Empereur Païen et apostat.
Quoiqu’il en soit, me dit-on, il ne paraît point que Dieu ait défendu le bal ; je ne m’en étonne pas, la chose parle, et se défend d’elle-même : On m'étonnerait beaucoup, si on me montrait que Dieu l’a commandé. […] cela ne suffit-il pas pour nous défendre les danses, où il y a autant de dangers qu’il y a d’occasion de regards lascifs, de pensées impures et de complaisances illicites ? […] Il ne se lit point dans toute l’Histoire Romaine, qu’aucune femme sage ait dansé : Cela n’était que pour les courtisanes à qui rien n’est défendu. […] La famille ne peut être sainte, si elle ne forme des saints, si la Chasse est un empêchement de la sainteté, au lieu de l’approuver pour elle, il la faut défendre. […] De Messe ou de Vêpres il ne s’en parle point : Monsieur le veut, il faut suivre, si on ne veut être maltraité, et Monsieur ne devrait pas vouloir ce que Dieu défend.
Souvent il donnoit la communion lui-même, presque toute la journée, à des milliers de personnes ; il prêchoit chaque jour dans quelque Eglise, & faisoit lire ou prêcher dans les autres, contre les désordres de ce tems ; on y voyoit une foule immense, & ceux qui alloient masqués dans les rues, dès qu’ils l’appercevoient, s’ensuyoient au plus vite ; il fit défendre les masques les jours de fête & dimanche, & le vendredi, est l’honneur de la Passion. […] Saint Charles les rétrancha toutes, & les défendit très-étroitement. […] Ce concile défend d’en imprimer qui n’aient été approuvés par les Evêques, ou ceux qu’ils en ont chargé ; il exigea donc qu’on lui remît toutes les piéces avant de les imprimer, ou de les représenter, & ne laissoit donner l’approbation que très difficilement la plupart étoient rejetees, & les autres si rétardées, que le tems se passoit ; les acteurs se rebutoient & s’en alloient. […] La Réligion ne peut que condamner cette idée, parce qu’elle défend sévérement la calomnie, & même la médisance, & qu’elle en ordonne la réparation : elle défend jusqu’au jugement téméraire, qui n’est qu’une médisance secrette, qu’on se fait à soi-même. […] Les loix défendent les-injures, les libelles diffamatoires, le théatre y donne encore un plus beau jour, & met en jeu toutes les passions.