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217. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Mais cet ordre interposé de la part de l’autorité séculière, quant aux représentations données par des ecclésiastiques, aurait dû s’étendre sur une infinité de processions et d’autres cérémonies religieuses, qui n’offrent encore que du scandale, et une infraction criminelle aux lois ecclésiastiques, et qui compromettent la dignité de la religion catholique, apostolique et romaine, en mêlant, en alliant aux cérémonies les plus augustes de notre culte, tout ce que le profane a de plus odieux et de plus impur, je veux parler de la procession solennelle qui avait lieu tous les ans à Aix-en-Provence, le jour de la Fête-Dieu, et qu’on y célèbre encore parfois de nos jours. […] Romain prit cette bête, lui mit son étole au cou ; et lors, toute férocité cessant, la bailla audit prisonnier criminel, qui l’amena sans résistance jusque dans la ville, où publiquement elle mourut, et fut consumée par le feu. […] Mais encore quelles folies, telles en vérité qu’elles seraient incroyables, si nous n’avions les évêques et les docteurs de ce temps-là pour témoins, qui disent que c’étaient d’horribles abominations, des actions honteuses et criminelles, mêlées par une infinité de folâtreries et d’insolences ; car il est vrai que si tous les diables de l’enfer avaient à fonder une fête dans nos églises, ils ne pourraient pas ordonner autrement que ce qui se faisait alors. » Voilà un théologien, voilà un chancelier de l’Eglise de Paris, qui se rend digne de son ministère, et qui ose blâmer hautement de telles pratiques ! […] N’avons-nous pas vu de nos jours un prêtre condamné à mort par la Cour criminelle de Grenoble, pour un forfait et un meurtre atroce qu’il avait commis sur une femme de sa paroisse ?

218. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

De-là toutes ces fictions, tous ces mariages des Dieux, ces descriptions de leurs folles passions : on orna les Théâtres de Décorations : on y ajouta la Danse ; les femmes parurent enfin sur le Théâtre : tout s’y ordonna ; tout s’y concerta pour émouvoir les passions des Spectateurs, et le désordre devint si grand, comme l’Auteur le dit lui-même d, que le Peuple à la fin des Spectacles, sortant des bornes de la droite raison, avec laquelle il était entré, demandait par une fureur brutale que les Comédiennes fussent dépouillées, pour rassasier leurs yeux d’une impureté criminelle. […] Ce qui a fait dire à Cicéron au livre 1. des Offices : Il y a une espece de divertissement indigne d’un honnête homme, qui est insolent, criminel, impur. […] Péché dans la perte du temps : on se plaint qu’on en manque pour les exercices du Christianisme, et on en dérobe à ses occupations, à ses devoirs les plus pressants pour des amusements frivoles, pour des vains Spectacles, qui seraient de ce côté-là assez criminels, quand ils ne le seraient pas d’ailleurs. […] excepté ceux ausquels il est défendu par de justes raisons de s’en approcher : Et il en faut éloigner ceux qui en sont publiquement indignes ; c’est-à-dire, ceux qui sont notoirement excommuniés, ou interdits ; ceux dont l’infâmie est connue, comme les femmes débauchées ; ceux qui vivent dans un commerce criminel d’impureté ; les Comédiens, les Usuriers, les Magiciens, les Sorciers, les Blasphémateurs, et autres semblables pécheurs ; s’il n’est constant qu’ils font pénitence et qu’ils s’amandent, et qu’ils n’aient auparavant réparé le scandale public qu’ils ont causé.

219. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Chacun en use comme il veut et autant qu’il veut, il n’est point de condition si misérable dans le monde qui n’y puisse avoir part : La justice qui met des fers aux pieds et aux mains des criminels, ne leur a point encore attaché de cadenas à la bouche, et ne leur a pas ôté la liberté de parler et de se plaindre dans leur malheur. […] Cet exercice ne fait tort à personne, chacun y prend telle part qu’il veut ; la dépense en est si libre et si modique, que qui n’y veut rien mettre n’y met rien : C’est lui faire injure de le vouloir faire passer pour criminel, il ne se prouvera point que Dieu l’ait défendu. […] dernière défense et la plus importante est, que personne n’a encore dit que les Danses soient criminelles d’elles-mêmes ; on ne les rend coupables qu’à cause du danger du péché, et ce danger n’est qu’imaginaire ; car le péché ne se fait qu’en secret. […] Quelle disgrâce de se voir criminel, et de ne pouvoir faire une juste pénitence ? […] Comme on ne savait à qui s’en prendre, on chargea la maison où cela s’était passé de toute la faute ; on la déclara criminelle, et par un jugement solennel elle fut condamnée à être abattue, et rasée sans que la considération de la Reine Blanche qui l’avait fait bâtir, lui pût obtenir aucune grâce.

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