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53. (1825) Encore des comédiens et du clergé « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. 13-48

Cette morale factice, basée sur l’impitoyable intolérance religieuse, non seulement permet les crimes, mais encore elle ordonne de les commettre pour la gloire de Dieu, en les érigeant en vertus. […] On n’aperçoit dans leurs commentaires qu’une morale de convenance, dictée par l’égoïsme et adaptée aux intérêts d’un parti ambitieux et cruel, une morale enfin de circonstance, qui, au moyen d’une direction d’intention, érige le crime en vertu. […] Ils sont démoralisés par principe ; ils se persuadent que tous les crimes du machiavélisme sont des vertus et se croient en droit de les commettre sans remords, toutes les fois qu’ils les croient nécessaires à la gloire de Dieu et à celle de l’Etat. […] Les souverains et les gouvernements doivent donc refuser leur confiance à de pareils conseillers, à des êtres qui enseignent que le crime est permis dans l’intérêt de la religion, à des prêtres hypocrites pour lesquels la perfidie est une action vertueuse et qui en trompant les hommes prétendent servir le ciel. […] Que sa sainteté, surtout, proscrive le jésuitisme qui enseigne la manière de commettre toute espèce de crimes sans remords, et qui autorise le régicide pour la gloire de Dieu, et dans l’intérêt de la religion.

54. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Rousseau, que dans ces pièces le crime est toujours puni, et la vertu récompensée. […] Le crime et le malheur y sont les effets des passions ; et plus le crime est odieux, plus le malheur est déplorable ; plus aussi la passion, qui en est la source, devient effrayante à nos yeux. […] Oreste sort du Théâtre déchiré par les Furies pour un crime aveuglément commis. […] Rousseau ne leur en fait-il pas un crime ; et je parle ici, non à M. […] Ainsi, une femme ne peut sans crime, ni se voiler, ni se dévoiler.

55. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

Car, comme dit justement saint Cyprien, « comment un Chrétien, auquel il n’est pas même permis de penser aux vices, pourra-t-il souffrir des représentations impures, où après avoir perdu la pudeur on s’enhardit à commettre les plus grands crimes ?  […] Si ce n’était pas un crime de jouer la Comédie, on n’aurait pas traité les Comédiens d’infâmes. […] Car si elle était la source de tant de crimes, il s’ensuivrait qu’il n’y aurait que les riches et ceux qui ont le moyen d’y aller qui fussent les plus grands pécheurs, et nous voyons cependant que cela était bien égal, et que les pauvres qui ne savent pas ce que c’est que la Comédie ne tombent pas moins dans les crimes de colère, de vengeance, d’impureté et d’ambition. […] Sera-ce un crime de lire l’Histoire, parce qu’on y peut trouver une occasion de tomber ? […] Tant qu’on ne donnera au public que des Comédies comme celles que vous m’avez fait l’honneur de soumettre à mon jugement, il n’y aura ni crime à les faire, ni crime à les représenter, ni crime à les voir, avec la modération et les autres circonstances que nous avons remarquées.

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