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92. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Foix, dans sa Préface des Veuves Turques, fait beaucoup valoir que l’Ambassadeur de la Porte, alors à Paris, ayant vu représenter sa piece, la lui demanda & en accepta la dédicace, & que son fils, qui entendoit assez bien le François, la traduisit en Turc, honneur, dit-il, qui n’avoit jamais été fait à aucune piece de théatre, & qu’on la représentoit dans les serrails des Seigneurs de Constantinople, du Capitan Pacha, du grand Muphti, du grand Visir, & même dans celui du grand Seigneur, tant elle est dans le goût & l’esprit d’une nation si chaste par tempéramment & par religion, Ses deux pieces, Arlequin au Serrail, & le Derviche qui épouse six filles dans son isle déserte, méritent aussi-bien que les Veuves le double honneur, le seul qui leur convienne, de la traduction Turque & de la représentation au serrail. […] Le verbiage, les écarts, le remplissage, les longues & ennuyeuses tirades sont communes au théatre, & assez ordinairement l’unique fonds de bien des Auteurs ; mais il faut convenir que dans des pieces aussi courtes, dont il faudroit deux ou trois pour faire un bon acte, il seroit surprenant qu’on mît des répétitions, des longueurs & du superflu, puisqu’à peine y a-t-il assez de place pour le nécessaire. […] Freron lui-même, admirateur décidé, & trop admirateur pour n’avoir pas été payé, convient que ce stratagème, trop froid pour plaire, avoit fait tomber la piece. […] Convenons que toute cette morale de théatre, toute la prétendue décence de ces babioles galantes, ne sont, selon l’expression de leur père, que de petites simagrées de vertu, une timidité de jeune fille qui cherche à se faire illusion.

93. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Il en convient même sans y penser, car si aujourd’hui le masque est levé, si le vice est sur le front, il a donc bien fait du ravage depuis Moliere. […] Foix dans son Théatre, en conviennent. […] Ce livre, annoncé dans le Mercure de novembre 1765, en veut fort au Théatre de la Foire, & il faut convenir que les règlemens faits pour l’Opéra comique, & ensuite sa suppression, font peu l’éloge de ses vertus. […] Vous qui frédonnez un air nouveau dans les fonctions les plus sérieuses, une scene, une action indécente vous convient mieux.

94. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

Mais indépendamment de ces raisons générales de sagesse, ceux-mêmesj qui voudraient le plus accorder à tout le monde la lecture des Ecritures, doivent convenir qu’elle n’est pas faite pour le théâtre ; que c’est la défigurer, l’avilir, la déshonorer ; que bien loin d’en faire la nourriture de l’âme fidèle, on en fait l’amusement de la frivolité, souvent du vice et de l’impiété ; qu’au lieu de servir à la sanctification des fêtes, elle en devient la profanation ; que les Pères, en conseillant cette lecture aux âmes bien disposées, n’ont jamais entendu qu’on dût la livrer au parterre, la couper en actes, la cisailler en scènes, la travestir en comédies, la faire jouer par des hommes et des femmes sans mœurs, avec des habits, des gestes, des discours pleins de mollesse et de dissolution. […] Paul. 1.° Il ne convient pas, dit Tertullien (L. […] 2.° Il ne convient pas qu’un Chrétien paraisse avoir aucun commerce avec le Démon, ennemi déclaré de la Divinité. […] Ces deux suffisent pour faire sentir le mérite théologique de ce visionnaire, à qui la place qu’il donne aux Jansénistes et aux Molinistes conviendrait aussi bien que son exclusion de l’Académie française, ne fût-ce que pour cet ouvrage qui par l’assemblage du solide et du chimérique, ne mérita pas moins que les autres le titre de rêves d’un homme de bien, que lui donnait le Cardinal du Bois.

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