L’Auspice est celui qui considérait les entrailles des victimes, pour en tirer des présages.
Mais autre chose est le plaisir qui résulte de cette justesse d’imitation considérée comme telle, & en tant que c’est une imitation dont nous comparons le rapport avec son original ; autre chose est l’impression agréable que fait sur nous l’action ou l’événement que le Poëte imite. […] Le plaisir de l’Imitation considérée comme Vérité, & comme un événement réel qui se passeroit en notre présence. […] Le plaisir de l’Imitation considérée seulement comme Imitation, & comme un Ouvrage de l’Art, dont on examine le rapport & la convenance avec l’objet qu’il imite. […] Nous considérons les Auteurs qui s’exposent à sa censure, comme autant de Clients de notre raison & de notre goût, qui attendent avec une inquiétude flatteuse pour nous, l’arrêt par lequel nous allons décider de leur mérite.
Le théâtre, comme délassement, comme instruction, comme lieu d’assemblée, n’est donc pas une chose indifférente ; mais il ne sçauroit être considéré de la même maniere dans un état libre et dans un état despotique. […] M. de Cailhava, dans son dernier écrit, qui a pour titre : Les causes de la décadence du théâtre, et les moyens de le faire refleurir, a parfaitement démontré que cette décadence n’étoit occasionnée que par le défaut de rivalité et de concurrence ; mais plus littérateur que publiciste, il a moins considéré le grand intérêt de la conservation des principes qui tiennent à notre liberté, que son amour pour l’art dramatique qu’il a cultivé avec succès. […] Ils doivent, il faut que leurs créanciers prennent avec eux toutes les sûretés possibles ; mais ils ne peuvent considérer une chose qui n’appartient pas à leurs débiteurs comme une hypotheque.