Un homme comme moi n’est point assez habile pour donner des règles à Messieurs les Confesseurs ; mais il me semble qu’on ne saurait assurer l’état de la conscience d’un homme qui s’est employé à ces compositions, s’il ne fait quelque chose de public et d’éclatant, pour marquer qu’il se repend d’avoir travaillé à ces ouvrages, et que s’il les avait entre ses mains, il les supprimerait.
Car la volupté a un si grand pouvoir sur les hommes, qu'elle les porte à embrasser les occasions du péché par l'ignorance, et à trahir leur conscience par la dissimulation. […] Quelle plus grande volupté peut-on sentir, que celle qui nous dégoute de toutes les autres voluptés, qui nous fait mépriser le siècle; qui nous établit dans une véritable liberté ; qui conserve la pureté de notre conscience ; qui nous rend satisfaits de notre condition présente; qui fait que nous n'avons aucune crainte de la mort; qui nous fait fouler aux pieds les Idoles des Païens; qui nous tend victorieux des Démons; qui fait que nous ne vivons que pour Dieu ?
& si dans l’yvresse des amusemens & des plaisirs on étouffe tous les remords de la conscience, ne doit-on pas craindre qu’ils ne se réveillent & qu’ils ne deviennent plus cuisans, mais trop tard, à l’heure de la mort ?