Les règles des Jésuites y sont absolument contraires, ces règles célèbres, si bien combinées pour un gouvernement despotique, que le Cardinal de Richelieu, ce grand politique, disait qu’ « il n’en voudrait pas davantage pour gouverner tout un monde », et pour cette raison ne donna aux Jésuites aucune entrée, ni dans sa conscience, ni dans les affaires de l’Etat, et fit renvoyer de la Cour le P. […] Les personnages de femme, qu’on exclut absolument de la comédie pour plusieurs raisons, entre autres pour éviter les déguisements, condamnés même par les philosophes, la réduisent à si peu de sujets, qui encore se trouveraient infiniment éloignés de l’esprit des comédies d’aujourd’hui, qu’elles tomberaient d’elles-mêmes, si on les renfermait dans ces règles. » Je laisse à la conscience de cette savante et zélée Compagnie, et à celles des autres Principaux de collège, d’examiner si dans la multiplicité des pièces qui se représentent, on a toujours suivi les règles de ce vénérable Institut, à la faveur desquelles M. […] Si l’on n’entend que la douceur intérieure de la charité, la paix de la conscience, l’onction de la grâce, l’espérance de l’éternité, la vertu est délicieuse. […] A-t-on pu ne pas sentir que c’est apprendre à la jeunesse à se jouer des choses saintes, la familiariser avec tous les plaisirs, et lui former la conscience la plus relâchée ?
Un homme ne doit pas penser qu’il n’a aucune part dans un acte de charité publique, parce qu’il n’est que l’un des dix mille individus qui y ont contribué : s’il a obéi à un sentiment de charité religieuse, et s’il en est résulté d’heureux et vastes effets, sa conscience lui dit qu’il participe à tout le bien auquel il a contribué. […] « Quant à ces jeunes personnes aimables et naturellement portées au bien, qui se plaignent de la rigueur avec laquelle on leur interdit les plaisirs du monde, et qui s’écrient que cette rigueur n’est point dans l’Evangile, qu’elles me permettent de leur demander, avec la plus affectueuse sollicitude, comment, dans leur conscience, elles peuvent concilier leur présence aux spectacles qu’elles fréquentent, avec ces préceptes de l’Evangile : “Soyez économe du temps ! […] Je ne vous demanderai pas si vous pouvez accomplir tous ces devoirs parfaitement et sans distractions (car, qui jamais peut atteindre à une telle perfection), mais si vous pouvez les remplir avec le même degré de gravité, dire vos prières avec la même ferveur, et vous détacher du monde avec autant d’abnégation qu’en aucun autre moment ; enfin, je vous demanderai si vous pouvez vous endormir avec la conscience d’avoir évité, durant la soirée qui vient de s’écouler, cette tentation que, le matin même, vous avez conjuré le Seigneur d’éloigner de vous. […] ce n’est pas dans ces amusements factices et dangereux que nous les rencontrerons ; c’est dans le spectacle et les scènes de la nature, dans ses admirables productions, dans les travaux utiles des arts, dans le tableau fidèle de la vie humaine, dans la peinture des objets intéressants, dans le charme des relations sociales et de la vie domestique, dans des actes de charité et de bienfaisance, enfin, dans le témoignage honorable et délicieux d’une conscience pure.
J'espère qu'il touchera leur conscience, et qu'il leur persuadera aisément de sortir volontairement, leur faisant connaître qu'il n'y a que ceux qui se portent à faire cette pénitence, qui soient véritablement dans l'Eglise : au contraire ceux qui vivant dans le dérèglement demeurent dans notre communion, quoi qu'ils soient ici présents de corps, ils en sont néanmoins séparés, plus véritablement que ceux qu'on a mis dehors, de telle sorte qu'il ne leur est pas encore permis de participer à la sainte Table, car ceux qui selon les Lois divines ont été chassés de l'Eglise, et demeurent dehors, donnent quelque bonne espérance par leur conduite qu'après s'être corrigés des péchés pour lesquels ils ont été chassés de l'Eglise, ils y rentreront avec une conscience pure ; mais ceux qui se souillent eux-mêmes, et qui étant avertis de se purifier des tâches qu'ils ont contractées par leurs crimes, avant que d'entrer en l'Eglise, se conduisent avec impudence, ils aigrissent l'ulcère de leur âme, et rendent leur mal plus grand; car il y a bien moins de mal à pécher, qu'à ajouter l'impudence au crime qu'on a commis, et à ne vouloir pas obéir aux ordres des Prêtres. […] C'est ainsi que nous jouirons dans l'esprit, d'une joie céleste e ineffable, qui ne sera point troublée par les remords de notre conscience, qu'ayant mené ici-bas une vie chaste, nous serons couronnés dans le Ciel par la grâce et par la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l'Empire maintenant et toujours, et dans tous les siècles.