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331. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Il doit connoître tous les divers genres d’étoffes, les dégradations des couleurs, le partage imperceptible des différentes teintes, pour qu’aucune couleur ne tranche trop ; & les étoffes sont la plupart comme le cou des pigeons, dont les couleurs changent selon l’aspect du soleil. […] Cette célebre compagnie est entrée dans les vues de ce grand homme, & dans son certificat a déclaré authentiquement, que dans les combinaisons à faire pour couper les différentes pieces d’un habit quelconque, qui sont la plupart d’une figure irréguliere, & les couper avec moins de perte possible d’étoffe, les principes de la géométrie sont nécessaires, & qu’à l’exemple du Peintre le Tailleur doit diviser l’étoffe en carreaux, savoir combien de carreaux sont contenus dans chaque piece, & compasser les morceaux volans , ou volés, qui restent après la coupe, qu’on appelle déchet ; il doit connoître aussi toutes sortes d’étoffes, leur fabrique, leurs tissus, pour en prendre le droit fil , &c. […] Il est surpris, il se cache précipitamment dans le bouge au charbon, qui se trouve précisément avoir son entrée à la chambre de compagnie ; on lui enleve son manteau, son chapeau avec lesquels on va jouer la piece ; on l’y joue lui-même : car sous le masque du manteau & du chapeau, il est connu de tout le monde ; comme si un particulier, d’un si bas étage, étoit fort intéressant pour le public, sur-tout venant de voir jouer le Tartuffe de Moliere. […] Il semble qu’on l’ait connu, & qu’on veuille le justifier.

332. (1742) VIII. Conférence. De la Comédie, contraire aux promesses du Batême [Conférences théologiques et morales, IV] « X. Conference sur les sacremens. » pp. 223-247

Ce que les comédiens ont de si odieux, consiste en trois choses principales ; 1°. dans la turpitude de leur origine, 2°. dans l’indignité de leur emploi, 3°. dans les funestes effets qui en résultent toujours, & que l’expérience ne fait que trop connoître. […] Il les rend enfin odieux par les funestes effets qui en résultent ; & c’est ma derniére raison que je n’ai pas besoin de prouver par de longs raisonnemens : une funeste expérience les fait assez connoître. […] Nos ennemis domestiques, c’est nous-mêmes, c’est notre chair & nos passions qui nous font donner en mille égarement, quand on veut les contenter ; voilà nos ennemis visibles qu’il nous est assez facile de bien connoître.

333. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

N’auroit-on pas fait composer ce programme à quelque libraire, dont la plume est exercée à vanter l’orvietan typographique, & dans la liste des souscriptions qu’il étale pompeusement à la tête de ses livres, ne manque jamais d’insérer dans le nom de quelque Prince Allemand, Suédois, Moscovite, Espagnol, &c. pour faire voir que son livre est connu & récherché de la mer Baltique, jusqu’au détroit de Gibraltar. […] Il n’y manquoit que celui pour qui se faisoit la fête, pour entendre réciter avec le bel organe, & cette déclamation harmonieuse & sublime que vous lui connoissez, une Ode pleine de chaleur & d’entousiasme, qui sembloit être l’hommage de la postérité. […] C’est mal connoître ce génie sublime, qui ne doit rien qu’à lui-même.

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