« Une pièce de Théâtre, dit Aristote, doit pour être bonne remporter les suffrages des savans & des ignorans6. » Les Drames du Spectacle dont je parle, ont le bonheur de satisfaire à ces conditions. […] On est si accoutumé à voir la Scène-moderne remplie de savetiers, d’une troupe de manans, de misérables laboureurs, qu’on ne peut s’empêcher de s’écrier, lorsqu’il paraît un Poème à ce Théâtre dans lequel on fait agir des Acteurs d’une condition un peu distinguée ; nous serons donc enfin dans la compagnie d’honnêtes gens !
Mais cette prémière condition est bien difficile à remplir : il faut encore que les décorations tiennent à l’action, en sorte qu’elles soient amenées naturellement des événemens.
Une Tragédie qui est l’imitation d’une Action grande, est exécutée les jours de Fêtes, par des Acteurs d’une condition estimable, qu’un vil intérêt n’engage point à divertir le Peuple.