Car l’Eglise a condamné les jeux de théâtre dans tous les siècles, ainsi qu’il paraît par les Ecrits des Saints Pères, qui ont invectivé contre ces vains et pernicieux amusements. […] » Car ils ont beau dire que la coutume a autorisé la Comédie et les Comédiens dans tous les Etats les mieux policés, et que cette coutume est autorisée par les Princes et par les Magistrats : Tout cela ne suffit pas pour les justifier, puisque l’Eglise les condamne et les a toujours condamnés et qu’elle veut qu’on regarde encore aujourd’hui les Comédiens comme des gens excommuniés et qu’on leur refuse les Sacrements et la Sépulture Ecclésiastique. […] » Cet Ange de l’Ecole n’a donc garde d’enseigner, qu’on puisse assister aux Comédies dont nous parlons, ni qu’on puisse rien donner à ceux qui les représentent ; puisque tout au contraire il les condamne lui-même avec S. […] que la différence qu’il doit y avoir entre les habillements ordinaires qui sont propres aux deux sexes, et qu’il ne spécifie pas le changement qui s’en fait dans la représentation des pièces de théâtre ; mais la maxime qu’il établit, en disant, que c’est une chose mauvaise de sa nature, de se vitiosum est, que les hommes se travestissent en femmes, ou les femmes en hommes, suffit pour condamner cette pratique, excepté dans le cas de nécessité, où la Loi n’oblige pas. […] » Ce sont les termes du Concile, qui ne doivent pas moins regarder les Religieux que les Religieuses, et qui condamnent encore plus ceux dont il s’agit dans l’espèce proposée ; puisqu’ils sont eux-mêmes les Acteurs de la Comédie.
N’en est-ce pas assez pour justifier les alarmes du zèle, et la délicatesse de la vertu, et condamner la témérité de ceux qui osent tendre ce piège, courir ce risque, ou l’autoriser par leur exemple ? […] Ce second n’ayant pas plus d’effet, un troisième du 14 août 1442, condamna ces Acteurs à plusieurs jours de prison au pain et à l’eau. […] Le Roi de la basoche et ses grands Officiers ayant désobéi, un arrêt du 19 juillet 1477, sans respect pour sa toque royale, ses mortiers, ses drapeaux, son écusson, le condamna aux verges par tous les carrefours, à la confiscation, et au bannissement. […] Il le connaît mal ; Port-Royal a toujours condamné le théâtre, et Racine dans deux lettres a fait contre Port-Royal la plus vive attaque, et en particulier le Mémoire attribue l’excommunication des Comédiens au Cardinal de Noailles, et c’est en effet par ses ordres que les Curés de Paris ont refusé les sacrements et la sépulture ecclésiastique aux Comédiens. […] C’est une critique indécente de tout ce qui condamne la comédie et frappe sur les Acteurs, ce n’est qu’un tissu de propositions scandaleuses, de principes erronés, de fausses maximes, et de propos injurieux à la religion, contraires aux bonnes mœurs, attentatoires aux deux puissances.
Il faut croire qu’il ignorait que les conciles, les saints Pères, les lois Romaines, les canons, les Magistrats, les avaient condamnées. […] Gaudron, fort surpris de cet accès de dévotion, et fort embarrassé de l’exécution de son entreprise, demanda que le dévot Ramponeau fût du moins condamné à lui payer le dédit de cent pistoles, et des dommages et intérêts pour les frais faits en décorations, habits, impressions d’affiches, estampes (car on avait fait graver le grand Ramponeau couronné de lierre). […] Pierre, qui a le double pouvoir de les abolir, et la double raison de la discipline et de la police, les souffre et les fait protéger, sans les approuver, puisque dans le même temps qu’il les laisse représenter, il maintient les canons qui les condamnent, les Prédicateurs et les Confesseurs qui les proscrivent, que Benoît XIV dans ses ouvrages les a très authentiquement et très savamment censurés. […] Charlemagne, par un capitulaire de l’an 789, supprima tous les jeux des Histrions, restes de la comédie Romaine, qui après la destruction de l’Empire, se soutint encore sous les Rois Wisigoths, comme on le voit dans les Œuvres de Cassiodore, Ministre de Théodoric, qui la condamne sévèrement. […] Des arrêts qui condamnent au bannissement, au fouet, à la confiscation, à la corde, ne sont pas des titres de noblesse.