qui pour avoir composé des vers contre l’honneur de Dieu, son Eglise & l’honnéteté publique, ont été condamnés aux supplices les plus affreux, comme criminels de lèze Majesté Divine . […] Avec quelle facilité (p. 8.) ne pourroit-on pas composer sur ce principe ainsi entendu, un cathéchisme de probité, dont les maximes simples, vraies, & à la portée de tous les esprits, apprendroient aux peuples que la vertu invariable dans l’objet qu’elle se propose, ne l’est pas dans les moyens propres à remplir cet objet ?
Il fait lui dire plusieurs choses d’un ton et d’une force différente par les diverses personnes qui composent la compagnie, pour le faire répondre à toutes selon son but ; même pour le faire davantage parler, il le fait proposer et offrir une espèce de grâce, qui est un délai d’exécution, mais accompagné de circonstances plus choquantes que ne serait un ordre absolu. […] Or cette connaissance d’être plus qu’un autre est fort agréable à la Nature ; de là vient que le mépris qui enferme cette connaissance est toujours accompagné de joie : or cette joie et ce mépris composent le mouvement qu’excite le Ridicule dans ceux qui le voient ; et comme ces deux sentiments sont fondés sur les deux plus anciennes et plus essentielles maladies du genre humain, l’orgueil et la complaisance dans les maux d’autrui, il n’est pas étrange que le sentiment du Ridicule soit si fort, et qu’il ravisse l’âme comme il fait ; elle qui se défiant à bon droit de sa propre excellence depuis le péché d’origine, cherche de tous côtés avec avidité de quoi la persuader aux autres et à soi-même par des comparaisons qui lui soient avantageuses, c’est-à-dire par la considération des défauts d’autrui.
Ce qu’on y pourrait reprendre ce serait peut-être une complaisance trop molle, ou quelque manquement de sincérité, qu’un autre appellerait hypocrisie ; mais c’est à chacun de s’en défendre, et à composer son intérieur sur la belle apparence du dehors. […] elle n’est guère longue dans la campagne, qu’elle ne nous présente une ravissante diversité composée de tant de belles pièces que notre esprit semble sortir par nos yeux pour en approcher de plus près, et mieux considérer les très riches ouvrages de la nature ; ou la portée de notre vue est bien courte, ou nous voyons des bois, des vignes, des prairies, des maisons, des terres labourées, des montagnes, des vallées ; ici un champ revêtu de moisson ou de verdure, là un autre tout nu ; on voit ici un ruisseau, un peu plus haut une fontaine, si bien qu’il faut ne se toucherl de rien, ou il faut prendre plaisir à la rare diversité que la campagne nous met devant les yeux ; on loue les Palais des Rois pour leur belle et somptueuse structure, on ne les voit qu’avec admiration, on estime leurs maîtres heureux d’être si superbement logés : Est-il ouvrage plus beau et mieux travaillé que le monde ? […] Personne ne conteste à la Musique, qu’elle n’ait pouvoir de guérir ceux que ce petit animal, qui est tout de venin, a piqués, et que tout autre remède est inutile : La piqûre de cette bestiole, qui n’est guère plus grosse qu’une araignée, est si contagieuse qu’il n’y a ni simple, ni composé dans les livres des Galénistes, ni dans le laboratoire des Chimistes qui puisse exempter un homme de la mort, après qu’il en est mordu. […] Histoires nous en rapportent, qui y ont employé plus d’un million : Elles taxent particulièrement Marcus Scaurus, lequel sortant de l’Office d’Edile voulant se frayer le chemin à quelque chose de plus, fit dresser un superbe amphithéâtre relevé partout de trois étages, et soutenu de trois ordres de colonnes très magnifiques : chaque ordre était composé de six-vingts qui faisaient en tout trois cent soixante, avec leur bases, corniches, chapiteaux, traves, architraves excellemment bien travaillées. […] Tous ces ramasah qui ne sont composés que d’histoires faites à plaisir, ont obtenu parmi nous le nom de Romans ; on les a ainsi appelés d’un fameux ouvrage de la même nature, qui porte pour titre le Roman de la Rose.