Car au lieu de se rendre avec fidélité, et avec ferveur aux divins Offices, ils s’occupent à danser, et à dire des chansons profanes et indécentes ; et ils ne se causent pas seulement du dommage à eux-mêmes, en souillant la pureté de leur conscience par les péchés qu’ils commettent ; mais ils troublent les autres dans leurs dévotions. » c.
J’infère donc encore par le silence que je remarque de toutes ces infamies dans les anciens Poètes, que leurs Pièces en devaient être exemptes, et que c’était dans d’autres Spectacles qu’elles devaient se commettre, s’il est vrai qu’elles s’y commissent effectivement, comme vous me paraissez l’avoir cru, par la traduction outrée que vous avez faite page 14 d’un passage de Tertullien, tiré du Chapitre 17 de son Livre des Spectacles, où vous avez affecté de mettre le mot de faire et de commettre en des endroits où il ne s’agit que de simples représentations : il est aisé de le voir. […] » Il passe ensuite aux Spectacles de Musique, dans lesquels il ne dit pas qu’il s’y commît ou représentât rien de mauvais, et parlant plus particulièrement des Comédies, il les appelle « comicas et inutiles curas », les occupations vaines et inutiles de la Comédie ; pour ce qui est des Tragédies, il les nomme « magnas tragica vocis infanias », les clameurs insensées de la Tragédie. […] Et peu après il ajoute une autre raison pour les en détourner : C’est, dit-il, que nous nous accoutumons facilement à commettre le crime dont nous avons entendu parler. « Cito in hoc assuescimus quod audivimus scelere. […] 29 » C’est pour cela que je n’ai garde d’en faire ici le moindre détail, elles ne sont que trop connues, et ceux qui les commettent avec tant de liberté, n’en parlent pas avec moins de facilité. […] Enfin, ajoute-t-il, que dirai-je de ces Bouffons qui tiennent école de la débauche, qui par de feints adultères, enseignent à en commettre de véritables, « qui docent adulteria dum fingunt, et simulatis erudiunt ad vera ».
S’il est honteux de commettre le crime, il est honteux d’en feindre les apparences, la figure ne peut plaire si la réalité ne plait point, le rôle décéle l’acteur. […] Jouer l’offense de Dieu, se montrer son ennemi, évoquer l’enfer, paroître agir comme un damné, & on se dit chrétien, on se donne pour philosophe ; nous devons à Dieu le corps & l’ame, l’intérieur & l’extérieur, la réalité & l’apparence, tout doit servir à sa gloire, tout n’existe que par lui, & pour lui, rien ne doit commettre ni favoriser le péché, le desirer ni s’y complaire, en faire le semblant, même par jeu, y penser, en parler que pour le détester. […] Les héros des Contes de la Fontaine, non plus que les amans de l’opéra, & les débauchés de Vadé n’ont aucune existence : les crimes qu’on leur fait commettre sont de tous les jours ; & jamais sur ce frivole prétexte, une mere sage n’en permettra la lecture à ses enfans : sous les couleurs de la fiction, on y avale le poison à longs traits, lors même qu’on le connoît, & qu’on s’en défie.