Erasme ne croyoit pas pouvoir mieux ridiculiser les protestants, qu’en les comparant à des comédiens, & parlant d’Æcolampade, qui, comme Luther, s’étoit marié, quoique Prêtre, dit plaisamment, c’est ainsi que le réformateur veut mortifier sa chair ; on a beau dire que le lutheranisme est une chose tragique ; pour moi rien ne me paroît plus comique, ou si l’on veut, tragicomique ; le dénouement de la piéce est toujours un mariage, comme dans les comédies . […] Dans un Vaudeville de l’opera comique le jugement de Pâris, Junon pour obtenir le prix de la beauté, offre de l’or à Pâris, pour le corrompre. […] C’étoit sa place, elle fut d’abord comique : ou si l’on veut une scéne d’opéra ; où l’on est enlevé dans les airs par des cordes ; mais elle devint tragique pour la N. lorsque la corde se rompit, & Junon, au lieu de monter au Ciel ; se cassa la tête. […] L’Académie de Parme distribue plusieurs prix, elle a donné en 1770, pour prix de l’architecture, le plan d’un théatre magnifique, propre à toute sorte de représentations, qui réunisse les différences parties de la distribution, & décoration antérieure & extérieure, la forme & les dimensions de l’orchestre, des loges, de l’amphthéatre, pour les changements de scéne, la pompe de la représentation dans toutes sortes de drames liriques, tragiques & comiques ; tout le théatre est mis sur le trône littéraire. […] C’est l’idée que donne, de cet événement comique & tragique, l’Avocat général, qui l’a le mieux connu, & dont la sincérité lui fait le procès à lui-même sur ses désordres, dans un tems où depuis plusieurs années la passion & la cabale avoit quitté la plume & le burin.
Dom Gervaise, réligieux Bernardin, homme de théatre à sa maniere, qui a composé plusieurs ouvrages comiques, & joué bien des rôles de toutes especes, qui d’abord fut Carme déchaussé, ensuite Réligieux, & enfin Abbé de la Trape, quitta son Abbaye & sa Communauté, courut le monde, & fut enfermé dans un couvent, par ordre de la Cour. […] que peut-on dire aux écrivains, aux romanciers, aux poëtes comiques, qui s’oublient ! […] Ce grand zélateur alloit lui-même au Seminaire donner des leçons de l’Adriene, traduisoit d’abord en François, & comme la plupart de ces jeunes gens venus de la campagne, n’entendoient guere mieux l’élégant François du Grand-Vicaire, que le Latin de Scipion & de Lœlius, il le leur traduisoit en Gascon, & leur faisoit sentir les beautés de ce fameux comique ; pour les préparer à l’administration des Sacremens, il faisoit même quelque-fois venir sa classe aux Chartreux, pour donner à l’Evêque & à ces bons Réligieux, le spectacle comique d’un examen sur l’Eunuque & le charmion ; il mourut avant l’Evêque, les autres Grands-Vicaires qui gémissoient de ces folies, firent fermer le théatre, & rétablirent le bon ordre. […] Ce Diocèse est fertile en scénes comiques.
Je fais plus : je vous avoue même que plusieurs des pièces de ce grand Comique ne répondent point à la pureté du théâtre ; d’autres auteurs l’ont profané à son exemple. […] Je crois avoir suffisamment prouvé la bonté des poëmes, soit tragiques ou comiques ; mais je veux plus faire encore.