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174. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Un Peuple féroce et bouillant veut du sang, des combats, des passions atroces. […] Ses combats, ses maux, ses souffrances le rendent plus touchant encore que s’il n’avait nulle résistance à vaincre. […] Les mêmes édits ne raisonnent pas mieux, quand ils disent qu’au lieu de se battre, il faut s’adresser aux Maréchaux : condamner ainsi le combat sans distinction, sans réserve, c’est commencer par juger soi-même ce qu’on renvoie à leur jugement. […] Il fallait, ce me semble, soumettre absolument les combats particuliers à la juridiction des Maréchaux, soit pour les juger, soit pour les prévenir, soit même pour les permettre. […] C’est plus d’exercice pour la vertu ; mais qui l’ose exposer à ces combats, mérite d’y succomber.

175. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Qui pourroit croire une telle impiété dans une Reine savante qui quitte la couronne pour la foi, & qui en la quittant combat par des actes solennels qu’elle sait mauvais la Religion même pour laquelle elle la quitte. […]  juin 1684) dit que Christine encore Reine de Suède, mit tout en œuvre pour avoir le naturalisme de Jean Bodin, qui n’étoit alors qu’un manuscrit très-rare, & qu’on tenoit fort caché ; on fit par son ordre bien des recherches, enfin on le trouva, elle en fit faire des copies, & en enrichit la bibliothèque royale de Stocholm ; il est intitulé : de abditis rerum sublimium arcanis, à l’exemple du fameux Médecin Fernel qui avoit donné plusieurs années auparavant son Traité de abditis rerum causis, dont Bodin a profité, mais très-mal ; en donnant dans les deux excès opposés d’une superstition puérile & d’une impiété audacieuse ; c’est à tous égards un fort mauvais livre où l’Auteur dans des dialogues mal écrits entre sept interlocuteurs, combat toutes les Religions, surtout la Chrétienne pour établir le Judaïsme, ou plutôt la Religion naturelle, ce qui l’a fait appeler le naturalisme de Bodin, à peu près comme de nos jours le système de la nature.

176. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

C’est pour cela que le saint homme Job nous apprenda, « Que la vie de l’homme sur la terre est un combat continuel », parce qu’il n’a pas plûtôt terrassé un ennemi, que cette défaite en fait naître un autre en lui même, & qu’ainsi sa victoire n’est pas moins à craindre pour lui que ses pertes. […] Mais on ne va au Ciel que par des travaux & par des combats, parce que le chemin qui y conduit est étroit, pénible & fâcheux.

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