Les Poètes grecs ne se servaient point du terme d’Acte ; ils divisaient leurs Comédies & leurs Tragédies en Protase, Epitase, & Péripétie, ou Prologue, Episode, & catastrophe ; il ne faut pourtant pas croire qu’elles n’eussent que trois parties. […] Il n’y a point de Chœurs dans leurs Comédies, & l’on y voit des intervalles sensibles où la Scène restait vide. […] On a vu un tems que nous n’ôsions faire des Comédies que d’un Acte & de cinq. […] Leur Orchestre ne se fesait point scrupule de jouer autrefois dans les entre-Actes d’une Tragédie des airs extrêmement gais, & dans ceux d’une Comédie, des Symphonies nobles & sérieuses ; mais depuis quelque tems, tout ce qu’il éxécute est lié au genre & même au sujet de la Pièce représentée, autant que la vraisemblance le permet.
Comédie du Tartuffe. Aucune comédie n’a eu autant de célébrité que le Tartuffe de Moliere. […] Si l’on eût voulu faire une comédie de la Servante insolente ou le Maître imbécille, ce rôle eût été à sa place : ce qui ne réussiroit qu’à la foire. […] ) avoit-il tort de dire : Pour avancer qu’aujourd’hui la comédie n’a rien de contraire aux bonnes mœurs, il faut donc que nous passions pour honnêtes les impiétés & les infamies dont sont pleines les comédies de Moliere, qui remplit tous les théatres des plus grossieres équivoque dont on ait jamais souillé les oreilles des Chrétiens. […] On ne finiroit point, s’il falloit épuiser le détail de celles dont cette comédie est farcie en tout genre, sur-tout en matiere de mœurs & de décence.
y Il n’y a donc rien dans ce passage qui favorise les comédiens : au contraire, on peut remarquer que Dieu voulant faire voir à un grand saint que dans les occupations les plus vulgaires il s’élevait des âmes cachées, d’un rare mérite, il ne choisit pas des comédiens dont le nombre était alors si grand dans l’empire, mais un homme qui gagnait sa vie à jouer d’un instrument innocent : qui encore se trouva si humble qu’il se croyait le dernier de tous les pécheurs, à cause, dit-il, que de la vie des voleurs il avait passé « à cet état honteux : fœdum artificium » : comme il l’appelait : non qu’il y eût rien de vicieux, mais parce que la flûte était parmi les anciens, un des instruments les plus méprisés ; à quoi il faut ajouter, qu’il quitta ce vil exercice aussitôt qu’il eut reçu les instructions de Saint Paphnuce ; et c’est à quoi se réduit cette preuve si décisive, qu’on prétend tirer de Saint Thomas à l’avantage de la comédie. Secondement lorsqu’il parle dans cet endroit du plaisir que ces histrions donnaient au peuple « en paroles et en actions », il ne sort point de l’idée des discours facétieux accompagnés de gestes plaisants : ce qui est encore bien éloigné de la comédie.