Premièrement il ne permet point à aucun Citoyen, ou personne libre, de se produire sur le Théâtre, pour aucun Batelage, et renvoie cela aux seuls Esclaves, ou aux Etrangers. […] La Censure de Scipion surnommé Nasica leur fut aussi fort défavorable, Car il fit rayer de dessus la matriculebi des Citoyens, tous ceux qui se mêlaient du Théâtre, et les assujettit à payer tribut, Ce qu’il fit « à cause qu’ils corrompaient les mœurs et étaient pernicieux à la République »Alexander ab Alex[andro]. lib. 6, cap. 19. […] Tout cela étant constant, je demande quel jugement on doit faire des Théâtres, et si on les peut tenir pour honnêtes, puis que ceux qui y montent sont marqués comme gens infâmes, et indignes de tenir rang entre les Citoyens. […] « Il ne peut y avoir de pestecr en la République qui soit plus pernicieuse, ne qui semble avoir plus de force pour corrompre les mœurs des Citoyens : non seulement elle gâte les esprits des enfants qui sont encore mols et tendres, mais aussi elle sollicite la pudicité des femmes mêmes les plus chastes.
que votre manière d’agir ne ressemble pas non plus à la sienne ; faites un usage raisonnable de vos richesses, ne soyez pas aussi avide ou si passionné à les accumuler, ne tenez pas aussi honteusement à des biens superflus ; employez-en du moins une partie à faire des bonnes œuvres, à prouver que vous êtes bon citoyen, bon père et bon ami, et surtout à soulager ceux qui manquent du nécessaire ; ils vous béniront, et vous recevrez de tout le monde les louanges dues à un homme sensible et libéral.
L’auteur, apparemment homme de théatre, a supprimé à dessein deux moyens qu’Aristote dit a oir été employés avec succès par les tyrans ; l’un, de faire de grandes largesses aux comédiens, aux étrangers, aux femmes de mauvaise vie, scortis & peregrinis & histrionibus donat effuse , pour amollir les citoyens & les rendre vicieux, foibles, pusillanimes ; l’autre, d’occuper les peuples par des bâtimens, des peintures, des statues, pour les appauvrir, en inspirant le luxe & la magnificence qui engage dans des folles dépenses, & ne pas leur laisser dans l’oisiveté le loisir de réfléchir sur leur état & de cabaler contre lui.