Euripide, né vers l’an 480 avant l’Ere Chrétienne, fut le rival de Sophocle. […] Les conquérans de l’Empire Romain ayant ensuite embrassé le Christianisme, ce fut un motif de plus pour faire oublier des Spectacles si incompatibles avec la morale chrétienne. […] En voici les termes : « Ne sera loisible aux Fideles d’assister aux Comédies & autres Jeux joués en public ou en particulier, vu que de tout temps cela a été défendu entre les Chrétiens, comme apportant corruption de bonnes mœurs, mais sur-tout quand l’Ecriture sainte y est profanée.
Celle qu’il a pieusement intitulée le Héros Chrétien, la moins mauvaise peut-être, est fort au-dessous des médiocres : c’est une Clytemnestre qui fait assassiner son mari, & ne rachette son crime par aucune beauté théatrale, encore moins par quelques traits de religion ou de morale. […] Un Prêtre Mahométan vomit cent blasphêmes contre le Christianisme ; deux Chrétiens sont martyrs de leur foi, ce qu’on leur reproche comme un fanatisme, & celui qui les fait mourir, vrai & seul fanatique, est comblé d’éloges ; la gloire du martyre est anéantie, le martyre est un crime, cette preuve si touchante de la Religion est frivole, les Martyrs sont des foux qui se font tuer mal-à-propos, & leurs persécuteurs Neron, Diocletien, Dece, &c, de vrais sages, qui ont bien fait de les exterminer. […] Un Chrétien doit-il en avoir besoin ?
Le monde a beau faire l’éloge de ces profusions insensées faites souvent par ceux qui devraient les empêcher, et aux dépens du public par des Magistrats municipaux prétendus pères du peuple dont ils prodiguent les biens ; ils ont le courage d’y arborer leurs écussons, pour laisser à la postérité le honteux monument d’une administration si peu chrétienne.