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18. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Déjà le faible du cœur est attaqué, il est vaincu, et l’union conjugale trop grave et trop sérieuse pour passionner un spectateur qui ne cherche que le plaisir, n’est que par façon et pour la forme dans la comédie dont le but est d’inspirer le plaisir d’aimer : on en regarde les personnages, non comme épouseurs, mais comme amants ; et c’est amant qu’on veut être, sans songer à ce qu’on pourra devenir après. […] Quand une fois le cœur est affecté, il ne s’occupe que de l’impression qui l’a frappé ; il ne cherche plus qu’à satisfaire ses désirs dépravésw. […] Elles comptent donc bien ou sur les effets qu’ils produisent, ou sur le peu de sagesse de ceux qui y vont chercher leurs délassements et leurs plaisirsx. » « Mais, dit-on, ne trouve-t-on pas, dans les lieux les plus saints, des occasions de se perdre, quand on le veut ? […] le loup, le lion, les autres bêtes féroces, fuient le chasseur qui les a blessés ; l’homme, cet être raisonnable, poursuit celle dont il a reçu une blessure ; il chérit sa blessure, il cherche à en recevoir de plus dangereuses encore : circonstance la plus triste de toutes, et qui rend sa maladie incurable. […] comment celui qui aime son mal, qui ne cherche pas à s’en délivrer, pourrait-il désirer le médecin ?

19. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Va chercher ; va saisir celle qui m’a trahi, Traîne-la jusqu’à moi, va, cours, & m’obéi. […] Elle cherche à amuser les hommes, & comme ils sont enfans, ils ne haïssent rien tant que la tranquillité. […] C’est cette œconomie que les Poëtes Tragiques cherchent à déranger, pour nous plaire ; cependant ne la trouble pas qui veut.

20. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXII. Passages de Saint Ambroise et de Saint Jérôme sur les discours qui font rire. » pp. 124-131

» En effet, il est bien certain qu’on ne voit dans les saints livres aucune approbation ni aucun exemple autorisé de ces discours qui font rire : en sorte que Saint Ambroise, après avoir rapporté ces paroles de Notre-Seigneur : « Malheur à vous qui riez », s’étonne que les chrétiens puissent « chercher des sujets de rire : et nos ridendi materiam quaerimus, ut hic ridentes illic fleamus ? » où l’on pourrait remarquer, qu’il défend plutôt de les chercher avec soin, que de s’en laisser récréer quand on les trouve : mais cependant il conclut, « qu’il faut éviter non seulement les plaisanteries excessives, mais encore toute sorte de plaisanteries : non solum profusos, sed omnes etiam jocos declinandos arbitror » : ce qui montre que l’honnêteté qu’il leur attribue est une honnêteté selon le monde, qui n’a aucune approbation dans les écritures, et qui dans le fond, comme il dit, est opposée à la règle. […] , où expliquant ces deux vices marqués par Saint Paul : stultiloquium, scurrilitas, il dit que le premier, c’est-à-dire, le discours insensé, « est un discours qui n’a aucun sens, ni rien qui soit digne d’un cœur humain ; mais que la plaisanterie, scurrilitas, se fait de dessein prémédité, lorsqu’on cherche pour faire rire des discours polis, ou rustiques, ou malhonnêtes, ou plaisants : vel urbana, vel rustica, vel turpia, vel faceta : qui est, dit-il, ce que nous appelons plaisanterie, jocularitas : mais celle-ci, poursuit-il, doit être bannie entièrement des discours des saints, c’est-à-dire, comme il l’explique des chrétiens, à qui, dit-il, il convient plutôt de pleurer que de rire ».

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