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46. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Il suffit pour cét endroit & en cette matiere de faire en sorte que l’air de Balet ne soit pas si suspensif, ni si languissant qu’on pourroit le faire, s’il ne s’agissoit que de chanter. […] De maniere que le petit Chœur, & les plus belles voix sont ordinairement chargées des Recits, c’est à dire, d’une Partie du Motet de l’Hymne ou du Pseaume, ou de quelque chose qui s’y puisse chanter separément dans le grand Chœur. […] Car encore qu’il ne soit chanté que par une voix seule, ou accompagné de tres-peu d’autres, sans aucune relation à un grand Chœur ; Il n’a pas tiré son nom de cette conformité ou de cette ressemblance, mais de ce que l’action muëte de soy, & qui a fait vœu & serment de garder le silence emprunte la voix du Recitateur, pour luy faire chanter ce qu’il n’oseroit dire, & pour lever tout l’embaras que la simple Dance pourroit causer à l’intelligence du Sujet. […] Mais aussi on peut remarquer en mesme temps, que les Recits sont defectueux, & qu’ils pechent contre leurs devoirs naturels, s’ils s’abandonnent à chanter des choses extravagantes, & qui ne marquent rien du Sujet. […] Quiconque donc mange les paroles, ou ne fait pas entendre ce qu’il chante, peche contre ce qu’il fait, & contre l’intention du Poëte, & contre le besoin du Sujet.

47. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VI. Du Cardinal Mazarin. » pp. 89-108

On avait vu avant lui, il avait lui-même donné des bals, ballets, mascarades, etc. où l’on dansait, chantait, récitait des vers ; Benserade en avait fait un grand nombre. […] Il en fit toute la dépense, il fit venir de Rome la Signora Léonore pour chanter, Torrelli pour les machines, et une troupe d’Acteurs et d’Actrices Italiens pour représenter. […] Il les animait au contraire, les favorisait, les adopta même, les fit jouer à la Cour, et sans beaucoup s’embarrasser des bienséances, il engageait le jeune Roi, les Princes, les Princesses, les plus grands Seigneurs, à y prendre des rôles, à s’y déguiser en dieux, en déesses, faunes, satyres, bergers, etc. à y danser, à y chanter. […] Il n’y avait alors que quelques gueux qui chantaient, gambadaient, jouaient des tours de passe-passe, et quelques Troubadours qui allaient contant leurs fabliaux, spectacle pour lequel un Comédien même n’imaginerait pas que le Pape eût un théâtre où il se plaçait en cérémonie.

48. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Le beau monde, les jolis Auteurs sont devenus Comédiens, leur style, leur conversation chante et danse, leur plume, leur imagination fait des entrechats, leurs propos forment des ariettes et des pas de trois. […] Tout ce joli monde qui chante, danse, siffle, déclame avec les Acteurs, jette des fleurs sur la toilette des Actrices, prend-il des leçons de politesse, en fait-il l'exercice ? […] Il semble qu'Isaïe ait voulu faire une peinture prophétique des théâtres : On verra, dit-il, dans les temples de la volupté danser les Faunes et les Satyres, on y entendra chanter les Sirènes : « Pilosi saltabunt, et Syrenes cantabunt in delubris voluptatis.

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