Les instruments de musique servaient à chanter les louanges de Dieu, et non celles des idoles. […] Il ne nous est pas plus permis d’entendre parler des adultères des hommes et des Dieux, que les Comédiens pour gagner de l’argent chantent avec toutes les grâces dont ils sont capables (à l’Opéra) : « Nec fas est nobis audire Deorum hominumque adulteria, quæ suavi verborum modulamine prœmiis inducti celebrant. » Les Chrétiens se font gloire de la modestie et de la continence, ils respectent le mariage, honorent la chasteté, et fuient l’injustice et le péché. […] Si vous aimez le chant, chantez, aimez à entendre chanter ses louanges. […] Pourquoi a-t-on défendu aux femmes de chanter dans l’Eglise, ce qui d’abord leur était permis ? […] Grégoire de Nazianze, et Eusèbe : Il y a des villes où sans jamais se lasser on ne s’occupe, du matin au soir, qu’à repaître ses yeux des spectacles des Comédiens, à entendre et à chanter des vers galants, des chansons licencieuses, qui portent à toute sorte d’impureté : « Quæ multam in animis libidinem pariunt. » Bien des gens sont assez aveugles pour croire ces peuples heureux, parce que négligeant leurs affaires et les travaux nécessaires à la vie, ils passent leur temps dans le plaisir et l’oisiveté : « Per inertiam et voluptatem vitæ tempus traducunt. » Peuvent-ils ignorer que le théâtre est une école publique de libertinage ?
Ainsi les tranquilles habitans des campagnes chantaient, tandis que ceux qui bâtissaient des Villes étaient féroces & sauvages, & s’égorgeaient les-uns-les-autres. Dans les fêtes que les prémiers Bergers se donnaient entr’eux, ils pouvaient chanter en dialogue une petite aventure arrivée sous leurs yeux ; voilà la Pastorale. […] On est révolté lorsqu’on fait chanter à un Berger un air à prétention, rempli de roulades.
A la Fête-Dieu, on danse, on saute, on chante autour du saint Sacrement ; on fait mille tours de souplesse. […] Cette Fête dure dix jours, les rues sont pleines d’hommes à demi nuds, accablés de tristesse qui chantent les louanges d’Hussein. […] Il y a à chacun une chaire élévée & des Prédicateurs vont tour-à-tour, matin & soir, nuit & jour, prêcher au peuple, & chanter les louanges du Saint. […] Deux autres charriots chargés de lampes, de cassolettes avec de l’encens : une table, un livre, plusieurs personnes qui prient, qui chantent, & entourés de soldats. […] On ne cesse dans toute la Procession de vomir de malédictions contre Omar, & de chanter la louange de Hussein ; à peu près comme la Fête du Pape de paille, qu’on brûloit autrefois dans les rues de Londres & comme la Fête des fours dont nous avons parlé ailleurs.