Ces paroles dissolues, ces chants lascifs, ce son de voix séduisant, ce visage fardé, ces attitudes voluptueuses, ces instrumens de musique, cette harmonie, cette mélodie qui énerve l’ame, & par un goût de volupté prépare & livre les spectateurs aux pièges des Actrices, ne les perd-il pas tous (on diroit qu’il y avoit opéra à Constantinople) ? Si jusque dans le sanctuaire, en la présence de Dieu, pendant le chant des Pseaumes & la divine parole, la concupiscence, comme un voleur subtil, se glisse en secret dans nos ames, comment pourront la surmonter, s’exempter d’adultère & participer aux saints mystères, ceux qui fréquentent le théatre, où ils ne voient & n’entendent rien de bon, mais dont les yeux & les oreilles sont sans cesse assiégés par l’iniquité ? […] Comment conserverez-vous la vertu & serez-vous vainqueur dans les rudes combats de l’impureté, lorsque vous vous laissez gagner par le chant des Actrices ?
Despreaux ait fait parler ainsi la piété dans le sixième Chant de son Lutrin.
Si le chœur subsista, le chant qu’il avoit pour objet fut lié à l’action, & ne fit plus avec elle qu’un tout assorti, & artistement combiné. […] La musique qui produisoit de si grands effets sur le Théâtre Grec, fut fort négligée des Latins, qui lui substituerent la déclamation, comme plus naturelle & plus propre que le chant, selon eux, à ces représentations ; ils ne l’employerent que comme nous, dans les intermédes, sans la lier au sujet.