« Qu’ils changèrent enfin de ton De crainte d’avoir du bâton. » C’est ce qu’il leur arrive quelquefois, quoique non pas si souvent, que mérite leur insolentes coutumes, et leur honteux commerce. […] Il ni en a aucune quant à la profession, et aux personnes également infâmes, et excommuniées : car de parler en rime ou en prose dans une place ou une Halle publique, cela ne change rien de la qualité des personnes ni de l’action.
Mais tout change ; et je vois trompant leurs surveillants, A l’aide d’un Valet, intriguer deux amants ; Sous le masque des Ris, la fine Dangevilleq , Jouer d’après nature, et la Cour et la Ville ; Tantôt d’un jeune objet servant la passion, Ecarter un témoin qui n’est point de saison ; L’instant d’après, Coquette ou Bourgeoise à la mode, D’un mari tout uni faire un époux commode ; Ou lorgnant un Galant, retirée à l’écart, Pour lui rendre un poulet, minauder avec art ; Soubrette inimitable, adroite, gaie, unie, Pour la peindre en trois mots, rivale de Thalier, Cette immortelle Actrice est seule sans défauts ; Dumesnil a ses jours, et Grandvals des égaux ; Là, j’aperçois Gaussin t, cette charmante Actrice Déguisée en Agnès, d’un air simple et novice, Exprimer ses désirs par sa tendre langueur, Et peindre dans ses yeux les miracles du cœur ; Retrouver dans l’Oracle une mine enfantine, Ou du Comte d’Olban triompher dans Nanineu. […] Tout change en un instant ; la nuit fait place au jour ; Mortels, reconnaissez le pouvoir de l’Amour : Le Palais s’envolant disparaît dans la nue, Un Parterre aussitôt le remplace à ma vue ; Du grand Servandoniab magique illusion, Effet de sa brillante imagination : Tout n’est qu’enchantement ; sous l’habit de Colette Arnoud subjugue Mars : le son de la trompette Rappelle en vain ce Dieu dans les champs de l’honneur ; Plus content, plus heureux de posséder son cœur, Qu’il n’était autrefois jaloux de la victoire, Pour la suivre il renonce aux hasards, à la gloire ; Et livrant sans danger, de plus tendres combats, Il met tout son bonheur à mourir dans ses bras.
Et quand oresa les jeux seraient tolérables aux peuples méridionaux, pour être d'un naturel plus pesant, et mélancolique, et pour sa constance naturelle moins sujet à se changer, si est-ce que cela doit être défendu aux peuples tirant plus vers le Septentrion, pour être de leur naturel sanguins, légers, et volages, et qui ont presque toute la force de leur âme en l'imagination du sens commun, et brutal.