Que diroit votre fils, que penseroit votre fille à l’aspect de ces Phrinés agaçant les hommes de leur voisinage, riant de celui dont l’extérieur est simple et modeste, s’agitant sans cesse, traversant debout les banquettes, à l’aide des bras qui leur sont tendus et des épaules sur lesquelles elles s’appuient familièrement ? […] S’ils ne faisoient que corrompre le langage en le remplissant de calambourgs, en augmentant sans cesse le dictionnaire de nos expressions basses ; s’il n’y avoit à déplorer que cette manie des pointes et des jeux de mots, qui a subjugué tous les états sans en excepter les plus distingués ; si les suites de ce vertige se bornoient à un excès d’admiration pour des platitudes, à la décadence de la Tragédie et de la Comédie ; à des innovations malheureuses dans les arts, on plaindroit une nation chez qui tout devient peuple.
L’habitude de voir reproduire sans cesse des événements de ce genre, rend presque insensible sur les nouveaux. […] Les faits d’armes, reproduits sans cesse aux yeux de cette classe turbulente, ont apporté dans leurs vengeances quelque chose de chevaleresque.
C’est encore le ton et l’humeur des Comédiens et Comédiennes, qui amassent des richesses et font de très grandes dépenses, tandis qu’eux et leurs apologistes ne cessent de dire, d’un ton lamentable, que leur métier ne leur donne pas de quoi vivre. […] La bassesse et l’infamie du métier dispensait de tout ménagement à leur égard ; ils n’étaient que de vils esclaves, et si difficiles à contenir qu’on était forcé de les punir sans cesse, et les punitions infamantes, qu’il n’était pas permis de faire subir aux citoyens sans leur faire le procès, étaient pour eux indispensables : « Correctionem in Histriones Magistratibus in omni loco et tempore lege vetere permissum », dit Suétone in August.