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57. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Ils ne les effacent jamais de leur mémoire ; … ils y voient des Grands, des personnes élevées en dignité, des vieillards, &c. y applaudir ; ils s’imaginent que tout ce qu’on leur expose est à retenir ; … ils agissent en conséquence, lorsqu’ils jouissent de leur liberté, & les voilà corrompus dans le cœur & dans l’esprit pour le reste de leur vie ; … ils perdent leur innocence sans en connoître le prix ; & néanmoins les parens qui ignorent eux-mêmes combien cette perte est affreuse & irréparable, sont ensuite au désespoir, quand leurs enfans donnent dans des désordres si préjudiciables à leur fortune, & dont ils sont cause, & qui leur fera bien verser de trop justes larmes ! […] Il faut qu’une cause soit bien désespérée, quand on cite à faux pour la défendre. […] De là ces effets déplorables des Tragédies & des Comédies qui devroient suffire pour en inspirer de l’horreur, si on étoit assez sincere pour convenir qu’ils sont la véritable cause des désordres de notre siecle. […] Je sais qu’il n’y a point de cause si mauvaise qu’on ne puisse défendre. […] Le premier essai l’ébranla tellement qu’il congédia sur-le-champ ces suppôts d’Apollon : & par ce prélude il jugea des funestes impressions que cause le dangereux Théatre de l’Opéra.

58. (1758) Lettre à M. Rousseau pp. 1-42

Mais quelle en est la première cause ? […] A force de calomnier la société, ses membres, les arts qui l’embellissent, vous vous êtes rempli de vos propres discours ; le mal a empiré : une constante exagération, un ton sevère, une malheureuse disposition à nous ravaler, ont été cause que vous nous avez fait éprouver des outrages, quand même vous étiez assez heureux pour pouvoir nous faire entendre des vérités. […] Une douleur continuelle aigrit son sang, blessa sa raison ; il se sentait fait pour être heureux, il voyait mille coquins merveilleusement constitués, il fut indigné du bonheur des méchants ; l’attrait de la révolte devint sa consolation ; l’imagination ne put s’arrêter ; de la haine des causes, il passa à la haine des effets, et il abhorra tout l’Univers. […] C’est ainsi qu’un malade se plaît à aggraver encore les causes de sa mort par les fantaisies de son appétit. […] C’est le vœu d’un homme qui, tourmenté par l’idée de tout ce qui peut vous nuire, a cru devoir chercher ce qui pouvait vous convenir ; d’un citoyen qui, porté à s’occuper des intérêts de la société, a vu qu’elle gagnerait beaucoup à lire vos écrits ingénieux, profonds et sublimes ; à vous connaître, à vous entendre ; si l’on parvenait à détruire la cause de vos maux, qui sont les siens, quand vous l’abandonnez.

59. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

C’est aux Pauvres à qui tout gain honteux appartient de plein droit, c’est-à-dire, celui que l’on a reçu pour une cause illicite. […] Le Parlement l’a bien fait sentir à votre Avocat dans la peine infamante qu’il vient d’ordonner contre son Livre & même contre sa personne ; il a jugé qu’une plume aussi mensongere étoit indigne d’écrire pour les intérêts de la Vérité & de la Justice*, craignant qu’encouragé par cet essai scandaleux, il ne prenne le goût de défendre les causes les plus décriées.

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