Une de nos espèces d’Automates, sans aucun fonds propre, Dogmatistes, Formalistes, Compilateurs et Dissertateurs, qu’on nomme Savants, se sont arrogés le droit de donner des préceptes sur un Art qui n’a de loi que la nature : ils ont jeté les Auteurs dans un labyrinthe de règles embarrassantes et ridicules : ils leur ont mis des entraves jusqu’à la façon de rendre leurs idées ; continuellement resserrés et contraints dans la froide et pénible méthode, le but leur échappe : cette méthode, si étrangère aux passions, produit quantité de petites beautés de détail, mais qui ne sortant pas essentiellement du sujet, forment un ensemble de pièces de rapport, sans force, et incapable de causer de grandes émotions. […] Il aurait été à désirer qu’au milieu de tant de beautés qui composent cet Ouvrage, M. de Voltaire se fût permis de remplir son objet ; c’était la catastrophe de l’orgueil et de l’ambition ; tout annonçait un exemple terrible des précipices dans lesquels ces cruelles passions entraînent un grand homme.
Plusieurs ont été réprouvés en admirant la beauté d’une femme, dit le Saint-Esprit par la bouche du Sage : Multi speciem mulieris admirati reprobi facti sunt (Eccli. 9. 11.).
Une Actrice d’une rare beauté se sera montrée nue dans un rôle qui l’exigeoit, pour le jouer d’une maniere qui lui fût plus avantageuse, où pour obtenir l’effet de quelque demande. […] Si l’Actrice l’a fait pour obtenir quelque grace ; la beauté a un pouvoir reconnu dans le secret, mais un étalage impudent de ses charmes, choque la vue au lieu de toucher le cœur. […] De là les gémissemens de tant d’épouses charmantes, les dissensions domestiques, les divorces, les ruptures ; cette humiliante préférence donnée par les beautés de Théatre au plus offrant ; la honte de l’abandon, l’amertume du répentir, les usures immenses & la ruine entiere des Maisons.