& ce sera une beauté, parce qu’on les vomira sur la scène ! […] S’il est des jours favorables à la beauté, c’est la représentation sur un théatre.
Le Cid a de grandes beautés, mais ce ne sont pas celles dont je voudrois faire usage sur la scène ; je n’adopterois jamais une passion comme celle de Chimène & de Rodrigue, & ne permettrois pas à l’amant de tuer le père de sa maîtresse, ni à la maîtresse d’épouser ensuite son amant. […] Dans Bérénice, au lieu de la tristesse majestueuse qui fait la beauté de la tragédie, je n’entends dans les plaintes qui échappent à la Reine qu’une fille abandonnée de son amant.
La magie du Spectacle, la vue d’une aimable Actrice ; les beautés qui remplissent les loges ; tout nous porte assez à l’amour, sans qu’il soit nécessaire de composer des Drames dont l’intrigue agréable & galante, dont le stile léger & délicat, nous invitent à nous livrer à la tendresse. […] J’ai souvent entendu dire, que si un amant avait le malheur de s’enflammer pour une beauté cruelle, il n’aurait qu’à la mener à la représentation des Drames dont je parle ; & qu’il verrait bientôt s’éteindre sa rigueur : peut-être qu’une épreuve aussi dangereuse n’est déjà plus à faire.