La surveillance de l’autorité séculière sur la conduite du clergé est d’autant plus nécessaire, que l’histoire de France nous fournit des preuves innombrables de l’ambition démésurée de ce corps, et nous cite des faits qui ont mis plus d’une fois l’Etat dans le plus grand péril. Lorsque les prêtres sont parvenus à augmenter leur action sur les citoyens au mépris des lois civiles, ils finissent par atteindre la personne des rois ; et tel prince qui leur abandonne une certaine autorité sur ses sujets, doit trembler que cette même autorité ne parvienne un jour à saper les fondements de sa puissance, et à le précipiter lui-même par un parricide infâme dans l’horreur de la mort. […] de l’oubli que le prince avait eu de ses propres devoirs, et de sa faiblesse à consentir que les prêtres se mêlassent des affaires de l’Etat, en abandonnant ses propres sujets à la puissance ecclésiastique, lorsqu’il devait au contraire les couvrir de son autorité pour les protéger contre les entreprises de cette même puissance. […] 5° « Anathème terrible contre quiconque osera violer le serment fait aux rois, et contre ceux qui attentent contre leur autorité et contre leur vie. […] Comment donc la Sorbonne, qui parfois s’est montrée protectrice des saines maximes, n’a-t-elle jamais fait valoir l’autorité de ces canons, qui se rencontrent cependant dans tous les recueils qui ont été publiés, et dont le nombre est considérable ?
Les prêtres devraient savoir enfin que la police des théâtres, est uniquement dépendante de l’autorité séculière. […] Ce reproche est d’autant plus fondé, que la conduite de ces prêtres si mal conseillés, est en contradiction manifeste avec l’autorité temporelle de notre gouvernement, et avec l’autorité spirituelle du pape, ainsi que je l’ai déjà démontré dans le courant de cet écrit. […] De pareilles scènes ne se reproduiront plus à la honte de l’autorité séculière, qui peut si facilement les prévenir, et l’autorité ecclésiastique ne doit plus se les permettre. […] Les rois de France sont maîtres chez eux, ils ne sont point soumis à l’autorité ecclésiastique. […] Nulle autorité, hors de notre gouvernement, n’a le pouvoir ni le droit de blâmer, d’infirmer, de condamner ce qui a été fixé par la loi.
L’autorité du prince émane de Dieu ; c’est l’apôtre saint Paul qui nous confirme cette grande verité. […] Rendez à César ce qui est à César…p. » L’autorité ecclésiastique doit être uniquement spirituelle. […] Les princes doivent donc être toujours en garde contre les actes du clergé, qui seraient attentatoires au pouvoir temporel du souverain, car l’autorité spirituelle, sans cesse rivalise l’autorité séculière des gouvernements, elle tend à l’affaiblir, à la dominer, et enfin à la détruire, si elle ne peut parvenir à la subjuguer. […] Ce serait l’imprévoyance la plus blâmable et la plus funeste, si le pouvoir temporel, qui doit être absolument indépendant du pouvoir spirituel, laissait exercer à l’autorité ecclésiastique la moindre portion d’autorité séculière. […] C’est ainsi que ce parti ambitieux et affamé de richesses et d’autorité, bouleverse tout, au risque de porter le trouble dans la société et d’en ébranler l’autorité souveraine.