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88. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

C’est donc à l’examen de ces causes générales « qui doivent, selon vous, empêcher qu’on ne puisse donner à nos spectacles la perfection dont on les croit susceptibles », que je dois m’attacher d’abord. […] L’amour des plaisirs physiques est commun à tous les hommes ; l’amour de la gloire convient à des Rois, et c’est dans leurs âmes qu’il faut l’exciter : c’est ce que Racine a fait avec tant d’art ; et Racine a du moins, sur tous les écrivains politiques ou moraux, l’avantage d’attacher ses lecteurs. […] En ce premier état, il est très criminel ; en ce dernier, très homme de bien, etc. etc. » « Si nous imputons son désastre à sa bonne foi, notre crainte ne purgera qu’une facilité de confiance sur la parole d’un ennemi, qui est plutôt une qualité d’honnête-homme, qu’une vicieuse habitude, etc. etc. » Du reste, si Thyeste « tient de près à chacun de nous, et nous attache, par cela seul qu’il est faible et malheureux », je doute qu’il intéresse autant qu’un Alvarès, et que plusieurs autres personnages mis au théâtre par M. de Voltaire, qu’on peut appeler le Poète de l’humanité.

89. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Il pourrait bien y avoir des scènes bien instructives et amusantes, sur l’enthousiasme des amateurs, et le prix excessif qu’ils mettent aux productions ordinairement médiocres, le plus souvent véreuses de ce mauvais terroir, et à peu près comme le maître de danse et de musique du bourgeois gentilhomme, attachent le bonheur et le gouvernement du monde à une ariette ou à un rigodon. […] On en a si fort prisé jusqu’aux moindres traits, qu’on n’a pas rougi d’offrir aux public dans une foule de volumes du théâtre Italien, les esquisses, les canevas, les croquis des scènes que les acteurs remplissent impromptu ; il faut qu’on attache une prodigieuse importance à tout ce que la scène enfante pour en transmettre à la postérité jusqu’à la poussière. […] Impie : elle représente les dieux injustes, pour avoir vu avec complaisance les succès de César, elle met l’homme de pair avec eux, et au-dessus d’eux, en justifiant Pompée, qu’ils abandonnent par le jugement de Caton, qui lui demeure attaché, suffrage qui vaut bien le leur. […] Tout est aussi frivole que la personne qui s’en occupe, la futilité seule peut y attacher un mérite supérieur, et se croire un être d’importance pour avoir un pompon. […] Ces deux genres sont essentiellement différents ; la chaire se dégraderait par les traits familiers d’une scène comique ; elle ne combat que les vices, jamais les ridicules, et c’est au ridicule que la scène s’attache.

90. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Avis » pp. -

Dans la première, il suppose l’innocence de cette pièce, quant au particulier de tout ce qu’elle contient, ce qui est le point de la question, et s’attache simplement à combattre une objection générale qu’on a faite, sur ce qu’il est parlé de la Religion ; et, dans la dernière, continuant sur la même supposition, il propose une utilité accidentelle qu’il croit qu’on en peut tirer contre la galanterie et les galants, utilité qui assurément est grande, si elle est véritable ; mais qui, quand elle le serait, ne justifierait pas les défauts essentiels que les Puissances ont trouvés dans cette Comédie, si tant est qu’ils y soient, ce qu’il n’examine point.

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